Si tout un chacun peut faire le buzz en rebondissant avec des propos bien placés sur les réseaux sociaux, s’accrocher à la punchline des médias ou obtenir la meilleure notoriété sur Tiktok, nous, nous préfèrons écouter les taxis. Petits patrons exploitant leur force de travail comme ouvriers de leur propre entreprise, les réflexions qu’ils tiennent derrière leur volant sont empreintes de sincérité et partagent l’expertise de l’opinion publique qui se confesse sur la banquette arrière de leur véhicule. Tout au long de l’année, nous écoutons les chauffeurs que nous rencontrons, échangeons des banalités et recueillons leurs analyses sur notre société comme autant de pépites que nous jalousent de nombreux médias. Cette année encore, des journalistes ont contacté notre rédaction pour passer leur nuit de Noël ou de jour de l’an à bord d’un taxi. Que cherchent-ils ? Ce que les instituts de sondage ne peuvent donner : une opinion sur l’état d’esprit de la société, un qualitatif qui hume l’air du temps. Flashback sur cette année 2022.
SOUS LE SIGNE DE LA PÉNURIE
Au jeu des 1000 Bornes comme dans la vraie vie, mieux vaut disposer des bonnes cartes. Découvrant son pneu droit avant à plat, Hervé commence sa journée par monter sa roue de secours. Conducteur consciencieux, il se rend chez son garagiste. « Impossible de renouveler mes pneus hiver, il y a pénurie ! » s’étrangle encore le chauffeur du taxi dans lequel je suis installée. « Ils voulaient me monter des pneus été… En cette saison et avec les kilomètres que je parcours, c’est du délire ! » Curieuse de connaître le dénouement, je relance mon chauffeur plongé dans la circulation. « J’ai dû me fâcher pour qu’ils réparent le temps que les commandes arrivent. Ça a pris plus de temps car il y a plus d’exécutants que d’artisans ! » Lire l’édito
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DU SUCRE DANS LE MOTEUR !
Face à la flambée du prix des carburants, chacun sa stratégie. Certains font jeûner leur réservoir, d’autres se convertissent au régime biocarburant. Appelé Superéthanol-E85 à la pompe, on regarde ce dernier avec gourmandise ! Il ressemble à l’essence, fonctionne comme de l’essence mais n’est pas que du pétrole… Mélange d’essence et de bioéthanol, il est plébiscité pour ses vertus écologiques et sa fiscalité attrayante. Fabriqué à partir de sucre de betterave – ou d’amidon issu de céréales – pour ce qui est de la filière française, le bioéthanol est un alcool d’origine agricole comme on en utilise dans la fabrication de produits non alimentaires tels que le gel hydroalcoolique. Situées dans l’Est et le Nord de la France, les cultures destinées au bioéthanol occupent environ 1 % de la surface agricole utile et son principal débouché reste pour l’instant les transports terrestres. Ne représentant encore que 4 % des ventes de carburant, il est désormais disponible dans près d’un tiers des stations-services tricolores. Lire l’édito
Feuilleter le web journal n°219
FEMMES & TAXI
Célébrée depuis 1977 grâce aux Nations unies, la Journée internationale des femmes permet de faire le bilan sur la situation des femmes à travers le monde. Journée de rassemblements, de parutions de rapports, d’événements, de prises de parole médiatiques…, le 8 mars est un rendez-vous qui dépasse désormais l’action des seules militantes. Les métiers du bâtiment se mobilisent pour accueillir les candidates. Les entreprises invitent les ingénieures et les développeuses informatiques avant même leur sortie d’école et les métiers du transport peinent à se débarrasser des stéréotypes qui entravent le recrutement féminin. Lire l’édito
Feuilleter le web journal n°221
VOTE QUI PEUT !
Dans le contexte particulier d’entre-deux-tours de l’élection présidentielle en France, les candidats se disputent les soutiens et les reports de vote. Nombreux des déçus du 1er tour sont tiraillés dans leurs choix. Avec une organisation du scrutin pendant les vacances scolaires (!), les abstentionnistes sont dans la ligne de mire. Pourtant, l’Insee rappelle que lors de l’élection présidentielle et des législatives de 2017, sur les 44 millions de Français résidant en France, neuf inscrits sur dix avaient quand même voté « à au moins un tour de scrutin ». Installée dans un taxi, je sonde mon chauffeur sur sa participation. « Je suis allé voter en force avec mes deux garçons. Voter, c’est la seule chose qui donne le droit de râler pendant 5 ans si le contrat présidentiel n’est pas rempli ! » Et il ajoute : « En tant que binational, c’est deux fois plus de responsabilités civiques. » Les expat’ français seraient quant à eux suffisamment nombreux pour faire basculer une élection. « Les « Français établis hors de France » représentent une partie non négligeable du corps électoral, avec plus d’1,4 million d’inscrits sur les listes électorales, soit plus de 3 % du corps électoral français, l’équivalent d’un département comme les Bouches-du-Rhône. Mais avec un taux d’abstention record à 64,88 %, et donc seulement un quart des inscrits qui se sont déplacés », analyse le Sénat. Lire l’édito
Feuilleter le web journal n°224
TAXIS DE GUERRE
Sur le tableau de bord de mon taxi, à côté de la traditionnelle boîte de mouchoirs, trône une miniature de taxi de la Marne face à la chaussée qui défile sous les roues. Curieuse, je questionne mon chauffeur. « Je suis passionné d’histoire », me répond alors Milàn. « Même si aujourd’hui, plus de 100 ans après, certains voient également dans cette mobilisation des taxis parisiens une opération de communication de la part des politiques de l’époque, ça reste pour moi un symbole de mon engagement pour ce métier. Dans mon ancienne vie, j’étais militaire… » Rassemblant les 6 et 7 septembre 1914 plus de 1000 taxis parisiens sur l’esplanade des Invalides, le général Gallieni, gouverneur militaire de Paris, avec le soutien d’André Walewski, fondateur de la Compagnie française des automobiles de place – devenue aujourd’hui la G7 –, ont créé la surprise face à leurs adversaires allemands. Transportant dans une course nocturne d’une soixantaine de kilomètres près de 5000 militaires, les taxis de la Marne entrèrent dans la légende comme symbole de la détermination et de l’ingéniosité françaises. Lire l’édito
Feuilleter le web journal n°226
TAXIS, VOUS N’ÊTES PAS DES VOITURES !
« Vous roulez dans des automobiles, mais vous n’êtes pas des voitures comme les autres. » Dans les allées du Salon des taxis, mon affirmation fait choc. « Qu’entendez-vous par là ? » me lance l’un des chauffeurs, amusé par la piétonne parisienne que je suis. Je réaffirme : « C’est vrai, vous utilisez des berlines, SUV ou van pour travailler mais à l’instar du jeu des 1000 Bornes, les taxis sont des atouts pour la mobilité de demain. » Réduire les taxis à leur matériel roulant serait comme confondre un pompier avec son camion, un ambulancier avec un break aménagé… Il faut dire que la confusion est facile. Avec leurs véhicules atypiques, les taxis londoniens sont un bon contre-exemple. En plus de leurs particularités techniques (ouverture de porte amplifiée, rayon de braquage hors norme, etc.), ils bénéficient d’une tolérance au regard du code de la route à faire rêver leurs homologues français. Couper une ligne blanche continue pour répondre à la sollicitation d’un client, stationner où bon est nécessaire pour favoriser une prise en charge sécurisée sont outre-Manche tolérés. Lire l’édito
Feuilleter le web journal n°229
LES TAXIS NOUS AVAIENT POURTANT PRÉVENUS !
L’enquête du Consortium international des journalistes d’investigation sur le lobbying déployé par Uber de 2014 à 2016 auprès du ministre de l’Économie d’alors, aujourd’hui président de la République, crée l’émoi en ce début d’été. C’est l’agitation dans l’hémicycle et dans les médias, le scandale en ferait oublier la pente inflationniste de notre économie et la remontée des courbes de la pandémie de Covid. Les taxis voient enfin dénoncée sur la place publique la trahison qu’ils subissent depuis 18 ans. Quant au président, protégé par son immunité, il se contente de citer l’un de ses prédécesseurs : « Ça m’en touche une… » N’est pas Jacques Chirac qui veut ! Lire l’édito
RENTRÉE EN FANFARE
Préparant sa rentrée comme les élèves leurs cartables, le gouvernement a réuni ses 42 membres afin de préparer sa reprise en main de l’opinion publique. Une feuille de route recensant une soixantaine de priorités axées sur la transition écologique, le plein-emploi, la souveraineté et l’égalité des chances a été présentée par la Première ministre. Malgré l’inflation qui bat de nouveaux records et les pénuries annoncées, aucune menace de mouvement social à l’horizon. « Les mouvements sociaux d’ampleur qui suivent des élections majeures sont rares. Ils ont souvent lieu l’année suivante. Les gilets jaunes par exemple avaient manifesté en 2018, un an après la première élection d’Emmanuel Macron », confie au journal Ouest-France Dominique Andolfatto, professeur de science politique et auteur du livre Anatomie du syndicalisme. « Le chef de l’État est maintenant sans majorité à l’Assemblée nationale. Les Français veulent voir son attitude », complète-t-il. Offrant un nouveau coup de pouce aux automobilistes de 30 centimes par litre de carburant, une revalorisation des tickets restaurant aux salariés, une prime exceptionnelle de rentrée, la suppression de la redevance télévisuelle, une actualisation des prestations sociales pour les bénéficiaires du RSA, de l’aide aux adultes handicapés ainsi que pour les allocataires de la Caisse d’allocations familiales, le gouvernement espère pouvoir passer « crème » ce mois de septembre. Lire l’édito
CORRIDOR DE SÉCURITÉ
Alors que mon taxi tente de nous exfiltrer d’un embouteillage carabiné pour atteindre la voie de bus, l’automobiliste contraint de nous laisser passer nous adresse une salve d’injures, arc-bouté sur son klaxon. Nous fermons les fenêtres de la voiture pour digérer l’agression. « Il ne faut pas vous en faire, c’est sûrement un brave gars mais conduire transforme les gens en furieux, comme l’histoire de Dr Jekyll & Mr Hyde », me rassure mon chauffeur. « J’ai pris l’habitude de ne pas leur en vouloir et de ne pas entrer dans le conflit. C’est meilleur pour la gestion du stress ! » Tenir un volant pourrait-il nous pousser à des débordements, voire des incivilités ? Les résultats de mai 2022 du baromètre de la Fondation Vinci Autoroute sur la conduite responsable confirment le phénomène. Les automobilistes parisiens et de la région Île-de-France seraient même les plus insupportables. Ils « collent délibérément le véhicule d’un conducteur qui les énerve », « doublent le plus par la droite » et « sortent de leur habitacle avec la ferme intention d’en découdre, verbalement ou physiquement, avec l’automobiliste qu’ils estiment responsable d’incivilités ». La région Auvergne-Rhône Alpes n’est pas épargnée : ses conducteurs seraient les champions des « injures et noms d’oiseau » et en Occitanie, ils seraient en tête dans la catégorie « klaxonner de façon intempestive ». Lire l’édito
Feuilleter le web journal n°235
AUTO DÉPENDANCE
Sous les palmiers déjà illuminés de la gare de Cannes, notre taxi charge nos bagages avant de nous faire parcourir les derniers kilomètres jusqu’à destination. Devant un alignement d’une dizaine de concessionnaires automobiles, j’engage la conversation : « Il y a plus de constructeurs sur cette route qu’au Mondial de l’Auto de Paris ! » Amusé, notre chauffeur me répond : « Habituellement, j’y vais avec quelques collègues mais avec la crise de l’approvisionnement des stations-service, nous avons évité de faire des kilomètres. » Annulé en 2020 pour cause de pandémie, le Mondial de l’Auto qui s’est déroulé du 17 au 23 octobre dernier, « lâché par les constructeurs » à dires d’experts, aurait offert une « édition réduite » et un « bilan mitigé ». Accueillant lors de cette 124e édition 400 000 visiteurs contre le million enregistré précédemment, les organisateurs se sont néanmoins déclarés satisfaits : « Cette fréquentation dépasse les objectifs initiaux prévus pour un salon qui se tient désormais sur sept jours. » Un réel défi pour le dernier événement international du secteur automobile en Europe car le prochain Salon de l’Automobile de Genève a dû être repoussé à 2023… au Qatar ! Lire l’édito
Feuilleter le web journal n°237
DEVINETTE
Au sortir du quai, la foule des trains retardés a encore grossi. Les passagers qui attendent d’embarquer à bord de leurs rames font obstacle aux voyageurs qui cherchent à sortir. Parvenant à traverser le hall grâce à une conduite experte de ma valise à roulettes, nous atteignons la sortie annonçant la station de taxis et assistons alors à une scène digne d’un documentaire animalier. Tels des saumons luttant à contre-courant, le nez un peu en l’air, éblouis par les lumières de la capitale dans la nuit automnale et fatigués de leur périple, les voyageurs suivent le panneau de direction vers la station de taxis pour s’agglutiner entre les barrières d’attente saturées. Une nuée de racoleurs se mélangent aux passagers en les alpaguant : « Taxi, taxi, maintenant ! », « Je vous fais un prix si on part tout de suite ! », « Vous êtes quatre, ils ne vous prendront pas, suivez-moi ! » D’un coup, la meute disparaît. Une brigade de policiers vient de s’approcher de la station de taxis… Après quelques minutes, alors que notre tour s’approche, le flux de taxis libres en provenance du sous-sol se tarit. Un murmure d’inquiétude parcourt la file de passagers : « Y’a plus de taxi ! » Discrètement, les racoleurs s’approchent vers les plus angoissés pour leur proposer de les emmener… Enfin installée dans mon taxi, j’interpelle le chauffeur : « Alors, vous faisiez une pause ? C’est à cause de ça la pénurie de taxis ? » Coup d’œil immédiat du chauffeur dans le rétro, qui reste pourtant courtois… Lire l’édito
Feuilleter le web journal n°238
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