Sous les palmiers déjà illuminés de la gare de Cannes, notre taxi charge nos bagages avant de nous faire parcourir les derniers kilomètres jusqu’à destination. Devant un alignement d’une dizaine de concessionnaires automobiles, j’engage la conversation : « Il y a plus de constructeurs sur cette route qu’au Mondial de l’Auto de Paris ! » Amusé, notre chauffeur me répond : « Habituellement, j’y vais avec quelques collègues mais avec la crise de l’approvisionnement des stations-service, nous avons évité de faire des kilomètres. » Annulé en 2020 pour cause de pandémie, le Mondial de l’Auto qui s’est déroulé du 17 au 23 octobre dernier, « lâché par les constructeurs » à dires d’experts, aurait offert une « édition réduite » et un « bilan mitigé ». Accueillant lors de cette 124e édition 400 000 visiteurs contre le million enregistré précédemment, les organisateurs se sont néanmoins déclarés satisfaits : « Cette fréquentation dépasse les objectifs initiaux prévus pour un salon qui se tient désormais sur sept jours. » Un réel défi pour le dernier événement international du secteur automobile en Europe car le prochain Salon de l’Automobile de Genève a dû être repoussé à 2023… au Qatar !
Traversant la nuit azuréenne, notre chauffeur nous conduit par des routes sinueuses et peu éclairées. La discussion a dévié sur la circulation et les mœurs des automobilistes de sa région. « J’ai une cliente un peu âgée, elle m’appelle régulièrement pour que je vienne la chercher avec ses courses au supermarché de surgelés », témoigne-t-il. « Un jour, je lui ai demandé pourquoi elle n’y allait pas avec sa voiture. Elle m’a expliqué qu’elle ne voulait pas déplacer son véhicule de peur de perdre sa place de stationnement gratuit ! Alors pourquoi la garder, lui ai-je demandé ? Elle me répond : au cas où… »
« La voiture, c’est la liberté ! » Ah oui, vraiment ?
Hélène Manceron