Si la contestation sociale contre le régime théocratique iranien fait l’actualité depuis deux mois, le film « Taxi Téhéran » réalisé par Jafar Panahi en 2015 offre un panorama de la société iranienne. Baromètre sociétal, dernier espace de liberté, témoin de la vie quotidienne, le taxi véhicule plus que des passagers et cette comédie dramatique réaffirme une fois encore sa fonction sociale.
Un film palpitant
Installant trois caméras dans l’habitacle d’un taxi jaune, Jafar Panahi, le réalisateur, se fait passer pour un chauffeur de taxi. À Téhéran, les clients hèlent les taxis et les courses peuvent être collectives. Tourné dans des conditions de circulation réelle, le film voit se succéder un accidenté et son épouse, un voleur partisan de la peine de mort, une enseignante, deux vieilles dames et leurs poissons rouges, une avocate militante, sa nièce…, tous acteurs ou amis du réalisateur. Non sans humour, chaque passager va dévoiler un aspect de la société iranienne de Téhéran et, au fil des courses, la tension s’installe.
Un film politique
Récompensé à sa sortie en 2015 par un Ours d’or au festival international du film de Berlin, « Taxi Téhéran » milite pour la liberté d’expression et constitue un acte de courage de la part du réalisateur. En effet, depuis 2010, Jafar Panahi était en liberté conditionnelle après une condamnation à six ans de réclusion, vingt ans d’interdiction de faire des films et de quitter l’Iran. Arrêté ce mois de juillet 2022 ainsi que deux autres réalisateurs pour avoir signé une pétition concernant l’effondrement d’un immeuble, le cinéaste iranien est actuellement en détention mais refuse de se taire. Son équipe et sa maison de production ont décidé de maintenir la sortie publique de son dernier film « Aucun ours » le 23 novembre prochain.
HM
Référence :
« Taxi Téhéran », J. Panahi, 2015.
Disponible en DVD, VO et VF.