Après cinq ans de modernisation réglementaire du secteur, bousculée par les attentats et le dévoiement de la réglementation du transport public particulier de personnes, la valeur de l’autorisation de stationnement (ADS) semble enfin se stabiliser. Acteur du secteur auprès de petits propriétaires, Diane Mathé, gérante de JuriFinance et GesTax partage son expertise sur l’avenir de la location-gérance et l’économie des licences.

Diane Mathé, gérante de JuriFinance et Gestax, spécialiste de la gestion et du financement des licences de taxi.
La location-gérance offre-t-elle de nouvelles opportunités ?
La demande existe, tant de la part des loueurs que des futurs locataires. Dans leur carrière, certains taxis décident de louer temporairement ou définitivement leur ADS. Ces dernières années, de nombreux taxis parisiens, inscrits pendant toute leur carrière sur la liste d’attente d’attribution, se sont vu délivrer une autorisation alors qu’ils étaient en retraite ou proches de celle-ci… Autorisation devant être exploitée de manière effective et continue pendant 15 ans pour être présentée à la vente ! S’ils souhaitent profiter d’un repos bien mérité, ils doivent passer par la location-gérance pour pouvoir revendre à terme. De leur côté, les nouveaux chauffeurs peuvent découvrir l’indépendance de l’activité taxi sans investir dès leur installation : devenir locataire-gérant est un préambule à l’achat de leur propre licence. Certains préfèrent passer par une petite structure plutôt qu’un gros loueur.
Loueur, un métier de tout repos ?
Certes non. Depuis 2015, nous traversons comme l’ensemble du secteur des années très compliquées. Sur l’ensemble de Paris, 1/4 des véhicules ne tournent pas et de nombreuses petites sociétés ont fermé. La rentabilité de l’activité est étroite car les charges d’exploitation sont lourdes. La nouvelle réglementation n’a pas apporté de grands changements au rôle du loueur –le véhicule doit, notamment, toujours être fourni par celui-ci – mais l’autonomie des locataires auprès des organismes sociaux a modifié les rapports. La collaboration loueur-locataire n’est pas nécessairement conflictuelle. Être intermédiaire comme l’est GesTax est un exercice difficile mais nous défendons une entreprise de taille familiale offrant un service personnalisé. Être au centre des convergences apporte à JuriFinance un bon retour d’expérience. Seul bémol : les loueurs peinant à recruter, les locataires se retrouvent en position de force et certains chauffeurs indélicats en profitent pour passer d’un loueur à l’autre en laissant des dettes un peu partout.
Quel avenir pour les licences ?
La bulle spéculative dont ont été victimes, à Paris, les acheteurs entre 2012 et 2015, a porté préjudice à toute la profession. Avant son récent effondrement, le prix de cession a été dopé par des officines proposant des financements à des conditions analogues à celles des organismes financiers (taux chers, durées longues), oubliant les usages bancaires professionnels qui définissent la nécessité d’un apport minimum de 20 % et un financement de l’activité sur 7 ans pour assurer sa viabilité. Le prix des licences s’est enflammé en dehors de toute réalité économique. Aujourd’hui, une ADS de taxi parisien se négocie entre 137 000 € et 140 000 € et les financements ont repris dans la majorité des banques, notamment nos banques partenaires. Pour rompre avec la désinformation, JuriFinance a décidé de faire paraître, tous les 15 jours, la fourchette des tarifs des ventes enregistrées. Cela rassurera de nombreux titulaires inquiets de leur avenir car tous les curseurs sont au vert pour acheter !
Propos recueillis par HM
Plus d’infos :
Loi Thévenoud – Loi n° 2014-1104 du 1er octobre 2014 relative aux taxis et aux voitures de transport avec chauffeur