« J’ai proposé que les taxis traditionnels roulent avec des équipements embarqués traçant l’ensemble des transactions réalisées à bord des véhicules car j’en ai assez de voir aux aéroports des touristes se faire rejeter parce qu’ils veulent payer leur course par carte bancaire », déclarait au Journal du Dimanche le sénateur de Savoie Michel Bouvard afin de justifier son amendement à la loi Grandguillaume. « Un mouchard dans les compteurs » est l’une des rengaines du taxi bashing, une stratégie utilisée régulièrement pour braquer les chauffeurs, aujourd’hui une tentative pour les décourager de soutenir la proposition de loi.
Témoignant de sa méconnaissance du sujet et calomniant au passage une profession tout entière, le sénateur Les Républicains– dont l’égérie Nathalie Kosciusko-Morizet affiche son soutien à la plate-forme Heetch qui poursuit ses activités illégales malgré les procédures en cours dont elle fait l’objet – oublie les contrôles exercés sur la profession qui fournissent déjà des éléments d’activité, ainsi que l’obligation d’adhésion des entreprises individuelles à un centre de gestion comptable agréé, au risque de voir majorer de 25 % la base d’imposition de leurs revenus. En outre, malgré le refus d’une poignée d’irréductibles de s’équiper, les taxis sont les seuls commerçants à devoir réglementairement disposer d’un terminal de paiement par carte bancaire sous peine d’être verbalisés… alors que nos propres administrations sont loin de proposer à tous le paiement dématérialisé ! Il occulte enfin que le taux de contribution effective est de 47,4% pour les entreprises de moins de 250 salariés et de 4,1% pour celles de plus de 2 000 ! De quoi donner crédit à la citation de Philippe Bouvard (aucun lien de parenté avec le sénateur) : « Le fraudeur fiscal est un contribuable qui s’obstine à vouloir garder un peu d’argent pour son propre usage » !
Hélène Manceron