À l’approche de l’examen par le Sénat de la proposition de loi sur le transport public particulier de personnes – T3P, le secteur s’embrase à nouveau. Taxis, VTC, Loti, plates-formes numériques sont emportés dans un tourbillon de communication. Uber et consorts taxent leurs détracteurs de conservatisme frileux et, grâce à leur confortable matelas financier, se sont lancés dans un lobbying effréné pour empêcher le vote de la proposition de loi Grandguillaume : campagne de marquage au sol, affichage, multiplication des prises de parole médiatiques, saturation des boîtes mail des sénateurs et responsables politiques… Pourtant, dans une éthique sociale, d’autres commerces d’innovation numérique sont déjà interdits et « ce n’est peut-être pas une mauvaise chose » souligne le site 1001 Startups qui les a recensés. D’abord la WeedTech, sorte « d’Uber du cannabis », un marché très dynamique aux USA avec des prévisions qui avoisinent les 22 milliards de dollars à l’horizon 2020, notamment depuis l’investissement de Microsoft auprès d’une des start-up leaders… Autre secteur d’innovation numérique prohibé dans l’Hexagone, le sex-on-demand, autrement dit la prostitution numérique. Les lois françaises contre le proxénétisme n’ont pas permis le développement de l’application Ohlala qui rencontre pourtant un franc succès en Allemagne et annonce un tour de table de 1,7 million d’euros pour le lancement de son nouveau service… Et si, à l’écoute des chauffeurs taxis et VTC qui ont uni exceptionnellement leurs voix, sénateurs et sénatrices votaient en faveur du cadrage du transport public particulier de personnes ? Quelles conséquences désastreuses pour le consommateur qui serait alors réduit à faire jouer une concurrence enfin loyale entre taxis et VTC, pourrait choisir entre un service haut de gamme ou un compteur assorti de forfaits et réussir à mettre fin à la « prédation en bande organisée » d’une poignée de plates-formes numériques !
Hélène Manceron