Organisation professionnelle historique du secteur, la Chambre Syndicale Nationale des Entreprises de Remise et de Tourisme représente une catégorie de transports spécifiques. Essentiellement développées en Île-de-France, PACA et Auvergne-Rhône-Alpes, les prestations de prestige proposées par les « Grandes remises » (GR) ont soutenu leur différence auprès de la commission du Sénat en cours d’audition sur la proposition de loi pour la régulation, la responsabilisation et la simplification du transport public particulier de personnes. Rencontre avec Dominique Jamois, vice-président.

Dominique Jamois, Vice-président CSNERT

 Quelle est la particularité des VTC de Grande remise ?
Notre activité est l’un des métiers du luxe et du savoir-faire à la française ! À l’instar des taxis qui ont succédé aux fiacres à la fin du XIXe siècle, notre origine provient des carrosses que l’on stationnait dans de « grandes remises ». Les Grandes remises se sont ensuite développées en fonction des évolutions économiques d’un XXe siècle marqué par deux guerres mondiales. Se substituant aux chauffeurs de maître employés par les particuliers, les GR ont pris leur essor grâce à la découverte de Paris par les Américains fortunés. Au service des vedettes, des voyages officiels puis des touristes à fort pouvoir d’achat, nous sommes spécialisés dans une prestation haut de gamme avec des véhicules de prestige. En 2009, lorsque l’État modifie la réglementation en instituant les VTC, la concurrence avec les services taxi ne souffrait pas de déloyauté. L’arrivée d’Uber sur le marché a ouvert la boîte de Pandore en leurrant les candidats chauffeurs sur la réalité de l’activité.
Comment vous démarquer des autres VTC ?
Malgré l’appellation commune de voitures de transport avec chauffeur, notre secteur s’appuie en réalité sur une dizaine d’entreprises de 50 à 200 voitures complétées par une centaine d’exploitants indépendants qui disposent chacun d’une à dix voitures. Ainsi que la CSNERT l’avait déjà notifié lors de la première médiation qui a abouti à la loi Thévenoud, les Grandes remises demandent que soit restaurée leur différence par la création d’un label. Notre objectif est de donner à notre clientèle l’assurance d’un service haut de gamme : type de véhicule, sécurité, conducteurs bilingues, prise en charge de l’avant et de l’après-vente, etc. Attribuée par une organisation indépendante selon un cadre défini par un référentiel précis, cette distinction permettra la garantie d’un niveau de prestations similaire au label Patrimoine vivant ou à l’association des « Clefs d’or » pour les concierges d’hôtel.
Comment envisagez-vous l’avenir ?
La loi Thévenoud a commencé à préciser les choses en distinguant les taxis des VTC, en définissant la maraude et en instaurant une formation aux métiers du transport public particulier de personnes. Nous attendons le vote et les décrets d’application de son complément, la proposition de loi Grandguillaume. Aujourd’hui, la majorité des plates-formes de transport sont dans une situation délicate car Uber écrase le marché. Cette compétition se fait au détriment des taxis et de nos entreprises de prestige, comme des VTC affiliés. La paupérisation de ces derniers entraîne une dégradation du service. Fini les bouteilles d’eau, les journaux du jour à disposition et les véhicules impeccables ! À 10 € le lavage, ce n’est plus tenable économiquement pour la majorité d’entre eux. L’essoufflement de la multinationale est à prévoir, comme en témoigne le fort turnover de ses conducteurs, et ses meilleurs éléments vont finir par capter les bons clients pour les servir directement. Il y a une place pour des professionnels reconnus, délivrant un service de transport en voiture avec chauffeur de très haute qualité, maillon indispensable dans la chaîne de l’accueil afin de répondre aux attentes et aux exigences d’une clientèle à haute contribution, essentielle pour le développement du tourisme en France.
Hm