La proposition 24 du rapport Thévenoud invitait à « harmoniser la zone des taxis parisiens avec l’aire géographique de la future métropole du Grand Paris (soit Paris et la petite couronne) », insistant sur la « sanctuarisation » de la zone de rattachement des licences de taxi… tout en annonçant que « le transfert de la compétence taxis aux métropoles fera l’objet de dispositions distinctes, dans le cadre de la réforme territoriale » ! C’est à y perdre son latin ! Pourtant, une chose est claire : l’offre des taxis communaux répond à une autre demande que celle de leurs collègues parisiens. Témoignage de Christophe Van Lierde, président du Syndicat des artisans taxis communaux des Hauts-de-Seine.
Que pensez-vous des perspectives d’intégrer le territoire du futur Grand Paris ?
Cette proposition sort du cadre de la mission taxi/VTC. Nous avons un fort lien de proximité avec nos clients, nous ne voulons pas devenir des taxis parisiens ! Cette mesure n’a pas de sens, sauf peut-être à diviser la profession. J’ajouterai qu’elle est également contre-productive pour les taxis parisiens car elle pénaliserait leur disponibilité et risquerait de créer des zones blanches de tout service. Si les collègues ne veulent pas voir leurs parts de marché se faire dévorer par les VTC, il ne faut plus qu’ils désertent leur zone de prise en charge ! Le mépris de la clientèle et des zones d’activité est en partie responsable du succès des VTC. À cause des agissements d’une poignée de chauffeurs, toute la profession est impactée. Il nous faut lutter contre un effet domino de la concurrence déloyale par un renforcement de la présence des chauffeurs sur leurs zones de rattachement.
Quelles sont vos particularités ?
Dans notre département sont communaux les taxis rattachés aux communes de Rueil, Saint-Cloud, Garches, Vaucresson, Marne-la-Coquette, Ville-d’Avray, Sèvres, Chaville et Meudon. Nous travaillons au service quasi exclusif des usagers de nos communes près de 15 h par jour. En réalité, nous sommes des commerçants de proximité. Les enfants que nous transportons, leurs parents nous connaissent, ainsi que leurs amis que nous allons chercher ou raccompagner. Nous venons en aide aux anciens lorsqu’ils ont besoin de soins mais aussi dans leur vie quotidienne. Nous sommes équipés pour télétransmettre les données directement aux CPAM et pratiquons l’avance de frais qui permet notamment l’accès aux soins pour les plus démunis. Nous avons un devoir de transport auprès des concitoyens, une vraie mission de service public. Nous sommes indépendants mais responsables et disciplinés car, en cas de dysfonctionnement, c’est le maire de la commune ou directement la préfecture qui risque d’appeler le central radio. En contrepartie, nos stations sont respectées et nous profitons du parc de Saint-Cloud ainsi que du bois de Versailles ! C’est une autre vie !
Quelles sont les perspectives des taxis communaux ?
Notre qualité de service ne souffrant pas d’une remise en cause, les VTC n’ont pas percé mais nous restons vigilants. Concernant le rapport Thévenoud, nous avons contacté tous les sénateurs et députés de notre territoire pour leur apporter information sur notre activité car, si tout le monde en parle, beaucoup méconnaissent le sujet. Le service à la personne est un secteur qui poursuit son développement malgré le contexte économique. Le lien social que nous entretenons au quotidien est un lien de confiance que nous cultivons. Notre syndicat, membre de la Fédération Nationale Du Taxi – FNDT, est transversal aux six groupements radio auxquels les taxis du département sont affiliés et nous organisons une session de formation initiale pour les futurs taxis des Hauts-de-Seine. C’est une opportunité pour ceux qui, en plus de bien choisir leur métier, veulent choisir leur cadre de vie.
HM