Portées par des appels de fonds financiers vertigineux, les start-up de mise en relation taxis-clients se développent tous azimuts au Brésil. À Sao Paulo, où congestion de la circulation et carence des transports publics sont emblématiques de la ville, l’activité taxi est en plein chamboulement. Dans son analyse de la situation sur le site de « L’atelier BNP-Paribas », Wellington Nunes Moraes, responsable du Digital de Cetelem Brasil semble annoncer le renouvellement d’un modèle économique. Mais hormis le fait que la plupart de ces sociétés exploitent les failles du système financier international pour rapatrier leurs bénéfices dans des paradis fiscaux, faut-il applaudir cette modernisation de l’activité taxi ? Au Brésil et ailleurs, le développement ultra-rapide des applications smartphones semble porter en germe des risques majeurs pour le développement du service taxi.
Une nouveauté ?
Les coopératives de taxis de Sao Paulo ne s’y sont pas trompées en demandant aux autorités municipales que les nouvelles sociétés de mise en relation taxis/clients soient soumises à la même réglementation, aux mêmes impôts et aux mêmes contrôles que les entreprises de taxis. Avec le développement exponentiel des applications de mise en relation, ces centraux brésiliens risquent de voir diminuer leur nombre d’affiliés, entraînant une perte de revenus alors que leurs charges structurelles, liées notamment à l’investissement dans l’innovation technologique et l’entretien de leur réseau, demeurent quasi incompressibles. C’est la loi du business, pourrait-on rétorquer, mais le fort intérêt des acteurs bancaires pour le phénomène donne néanmoins matière à suspicion. En effet, une fois le morcellement de l’offre accompagnée par leurs soins, ils pourront vendre le réseau qu’ils détiennent au plus offrant. Ce dernier s’assurera petit à petit le monopole des mises en relation, condition obligatoire pour maximiser les profits prélevés cette seule opération, lui assurant, à terme, une rente de situation. À craindre pour les 11,8 millions d’habitants de Sao Paulo, que trouver un taxi dans les embouteillages des heures de pointe demeure encore pendant longtemps un véritable défi !
Applications face à circulation
« Ces applications présentent certains avantages pour les passagers, dont la sécurité […] toutes les informations concernant le chauffeur et le taxi (photo, nom, carte d’identité et dans certains cas, une note) sont reprises dans l’application », explique W. Nunes Moraes. En effet, dans un contexte où la sécurité des personnes est un enjeu majeur au quotidien, le gain en qualité de service pour les clients taxis semble direct à condition que le référencement des chauffeurs soit fait minutieusement. Mais les gains en disponibilité d’un véhicule pour les clients sont, eux, moins évidents. Avec seulement 74,3 km de lignes de métro et 6 millions de voitures à Sao Paulo, « les problèmes de mobilité sont criants » souligne l’auteur. En effet, mais le taux d’équipement smartphone des habitants va-t-il concrètement changer la situation ? C’est pourtant ce qu’invite à penser cet expert qui relève que « les ventes de smartphones décollent au Brésil (avec une estimation de 75 millions de smartphones pour 2016) et, selon une étude réalisée par le bureau brésilien de Google, 88 % des propriétaires de smartphones utilisent régulièrement la fonction de géolocalisation de leur appareil ». Tant pis pour le client qui ne sera pas équipé de la bonne version de smartphone et de l’appli adéquate. En outre, tarifs au compteur à l’appui, cette clientèle restera-t-elle longtemps dupe que, notamment aux heures de pointe, ce n’est pas un smartphone qui va régler les problèmes de circulation ? « Les discussions ne font que commencer », résume Wellington Nunes Moraes. – LT
[…] à celle de leurs homologues français. Les risques de débordements sur la voie publique [lire 100% News mars 2014] ont-ils motivé les pouvoirs publics brésiliens à intervenir ? Toujours est-il que ces derniers […]