Dernier rendez-vous avant la nouvelle année ; je m’installe dans mon taxi hélé à la volée en diagonale du chauffeur. Alors que le soir tombe, la magie de Noël est quelque peu éclaboussée par la pluie, l’énième retour de la pandémie de covid, la dégringolade du pouvoir d’achat et l’incertitude du contexte international. Mon chauffeur n’est pas bavard. Concentré sur la circulation, il navigue entre les véhicules, évitant vélos et trottinettes qui glissent sur la chaussée et les piétons pressés de se mettre à l’abri.
Le feu passe au vert, mon chauffeur avance de quelques mètres et soupire à la vue de l’embouteillage qui nous attend. Tentant d’amorcer la discussion, je lance un « Bientôt la fin de l’année ». « Pour ce que ça va changer… » me répond-il. « Il est vrai que cela ne va pas changer la fluidité de la circulation mais au moins vous pourrez actualiser vos tarifs », lui fais-je remarquer. Toujours coincé entre les véhicules, il se retourne, l’air accablé par ma naïveté : « Quelle que soit l’actualisation des tarifs, il aurait surtout fallu diminuer le taux de TVA de 10 à 5,5 % ! Tout le monde veille à son porte-monnaie et pour beaucoup, prendre le prendre le taxi reste une dépense superflue. »
Une idée plutôt bonne, d’autant que si les taxis collectent la TVA sur les courses qu’ils facturent, leurs clients, entrepreneurs individuels comme sociétés, ne sont pas logés à la même enseigne conformément à l’article 206 du code général des impôts relatif au transport de personnes par bus, métro, taxi, train, ferry et avion. Toutefois il reste possible de récupérer cet impôt indirect sur la consommation sur les péages, le diesel, le GPL et l’électricité pour les véhicules de société, la location d’un véhicule utilitaire (sous certaines conditions) ainsi que les frais d’entretien desdits véhicules. Une aubaine pour les chefs d’entreprise et leurs services comptables qui cherchent à baisser leur contribution afin de faire face à la hausse des frais de déplacement, obligeant les entreprises à privilégier les véhicules de société, quitte à équiper des salariés qui se retrouvent seuls dans leurs véhicules ou à les motiver à covoiturer contre dédommagement…
En Espagne, le gouvernement a décidé de supprimer la TVA sur les produits de première nécessité afin de soutenir le pouvoir d’achat des ménages face à l’inflation. La nouvelle année pourrait-elle inciter nos dirigeants à revoir la partition des ressources de l’État à l’aune de la transition énergétique ?
Avec l’espoir d’une meilleure cohérence politique pour la prochaine année, nous vous adressons nos meilleurs vœux !
Hélène Manceron