Devenir chauffeur est toujours une étape de vie quel que soit votre genre. Métier de reconversion et d’intégration professionnelle multiséculaire, le taxi offre une nouvelle carrière à celle ou celui qui l’embrassera. Mais est-il plus difficile pour une femme de s’insérer dans la profession ? Pour témoigner de son parcours, nous avons interviewé Nadia, taxi parisien qui partage sa passion du métier.
Pourquoi avoir choisi ce métier ?
C’est un choix de vie. Lorsque j’ai débuté, j’étais seule et très affectée par ma situation personnelle. Il a fallu que je trouve un travail pour gagner ma vie et élever mes enfants. J’ai rassemblé la volonté de suivre la formation et de réussir l’examen. Aujourd’hui, je suis locataire-gérante depuis 3 ans et j’aime mon métier. Le taxi nous permet d’être libres et indépendantes. Je peux être réactive sur des problèmes familiaux comme aller travailler lorsque tout roule à la maison. J’ai mis 6 à 8 mois pour m’adapter mais j’arrive désormais à jongler et les enfants grandissent vite !
Quels conseils partageriez-vous avec une candidate au métier ?
Il faut aimer conduire et avoir de la patience pour assumer les kilomètres et la circulation. Ce métier est très pratique pour celles et ceux qui savent s’organiser. Il faut tout en même temps être disciplinée, organisée, patiente et souriante ! Comme dans beaucoup de métiers pour beaucoup de femmes qui travaillent, il faut programmer, faire des plannings et des listes… Le métier est à saisir pour celle qui prend plaisir à accueillir une clientèle dans son commerce. Il est essentiel d’aimer ce que vous faites car c’est un métier engageant. On ne devient pas riche mais heureux ! L’état d’esprit avec lequel on travaille est également déterminant. Je ne sors pas pour aller chercher de l’argent mais mon travail est d’aider mon prochain dans sa mobilité. En retour, je reçois de nombreux remerciements et gentillesses. Cette bonne énergie me soutient et m’encourage ! Il faut être soi-même et prendre soin de soi afin de tenir l’équilibre.
Le machisme pèse-t-il sur la profession ?
C’est comme dans la société ! Je viens d’une culture où la place des femmes, c’est à la cuisine mais j’ai été soutenue par des taxis expérimentés dans ma reconversion dans la profession. Le comportement et les attitudes de certains collègues peuvent interpeller lorsque l’on débute mais rapidement, je les ai ignorés car je suis concentrée sur mes clients. Dans le taxi, nous sommes tous pareils : même réglementation et mêmes tarifs. Ce métier me donne une revanche. Je suis forte d’être indépendante et je ne dois rendre des comptes qu’à moi-même ! Pour les clients, hommes comme femmes, c’est pour eux toujours une surprise lorsqu’ils se rendent compte que leur taxi est une femme. Ils me demandent pourquoi nous ne sommes pas plus nombreuses. Certains préjugés restent ancrés. Pour anecdote, je prends en charge un Monsieur. Dans les premières minutes de conduite, je sens venir de lui une forte hésitation. Puis au cours de la course, je sens qu’il se détend et je m’entends dire « même la conduite est douce ! ». Quant à l’insécurité, dans ce métier, elle est aussi présente pour les femmes que pour les hommes. Il ne faut pas prendre de risques, évaluer celui à qui vous ouvrez la porte. À chaque course, je tente d’établir une relation de confiance. Et si de nombreuses clientes témoignent d’être plus à leur aise dans mon véhicule, c’est lorsqu’un client s’endort que je suis fière de tout mon cœur !
Propos recueillis par HM