Espérons que les vacances gouvernementales laissent un instant le chant des cigales supplanter le martellement des coups de poing sur la table dont le ministre de l’Intérieur rythme sa politique. Dénonçant l’instrumentalisation de l’autorité par les hommes à poigne, l’épisode de Michel de la Teigne que nous vous présentons interroge notre rapport à la violence et à la domination. Un peu de piment dans votre jus de tomate ?
À l’occasion des numéros d’été de votre web journal, notre rédaction a le plaisir de publier les aventures ce personnage désormais célèbre de la « culture taxi » qui cache un authentique chauffeur de taxi parisien.
Issus de l’album « Banquette de veaux » paru en février dernier aux éditions Rouquemoutte, quelques morceaux de choix que nous avons le plaisir de partager avec vous ! Effets rafraîchissants garantis !
La fascination des imbéciles pour les hommes à poigne est un insondable mystère.
Commençons par remarquer que ministre de l’Intérieur est le job le plus facile du monde. N’importe quel crétin peut soutenir la police quoi qu’elle fasse, quoi qu’elle réclame, quelles que soient ses exactions, et lever le menton en menaçant les dealers et les racailles. Si Castaner l’a fait… C’est à la portée d’un marmot de quatre ans.
Qu’est-ce qu’un homme à poigne ? C’est un ignare qui prend l’autorité pour une compétence. Ce qu’elle n’est assurément pas. L’autorité d’une personne doit découler de son attitude ; en montrant le chemin ou l’exemple, j’acquiers l’autorité. Se faire obéir par la force, ce n’est pas l’autorité, mais la contrainte. L’autorité ‒ comme le respect ‒ s’acquiert par les actes. Elle est le fruit de qualités personnelles qui poussent les autres à vous suivre. Un mauvais ministre se fait obéir parce qu’il est ministre et qu’il a des équipes à ses ordres… ce qui, au fond, est un échec. Un peu comme « être aimé pour son argent ». Être obéi ou en tout cas suivi parce que les autres croient en vous, voilà le succès, voilà le rare honneur réservé aux personnes de valeur.
En réalité, dans ce monde d’images et de coups médiatiques, trop de gens prennent l’autoritarisme pour de l’autorité. Sarkozy était un maître en la matière : « Cette bande de racailles ? On va vous en débarrasser ! » Et cent mètres plus loin, lâchement escorté par ses barbouzes : « On va nettoyer la cité au Karcher ». Purs coups de menton, destinés à convaincre les esprits faibles. Nico-la-racaille-de-droite s’est construit une image de gros bras en multipliant ce genre de déclarations, et comme cela l’a mené à la présidence de la République, Darmanin-le-cancre veut nous refaire la même.
Il va vous parler d’ensauvagement et d’ultra-violence pendant deux ans. Il va vous démontrer que les violences augmentent, puis qu’il les fait diminuer grâce à la politique du chiffre, cette pratique consistant à multiplier les relevés d’infractions insignifiantes, pour prouver l’hyperactivité de la police ‒ pratique qui a dégoûté plusieurs milliers de bons flics de leur métier sous Sarkozy. Ce n’est que de la gueule. L’Insee a récemment relevé que depuis 1984 (soit plus de 35 ans !), « les chiffres de la délinquance sont globalement stables ». L’Observatoire scientifique du crime et de la justice précise même que cette constance est « à la limite de ce qui est statistiquement observable, entre un et deux dixièmes de points ». Plus stable, c’est le poids d’Arielle Dombasle ou le QI de Matt Pokora… et vice-versa.
Darmanin ne sert que sa propre ambition de démontrer qu’il serait l’homme de la situation, le rempart contre la violence des racailles du pays ; il se fiche complètement de la réalité de la délinquance. Sinon, il penserait la répression et l’insertion dans le temps long, comme j’ai désespérément essayé d’y pousser mon client.
Retenons une chose : n’importe quel crétin peut avoir l’air autoritaire, cela ne prouve pas qu’il ait la moindre compétence. Allez voir Bolsonaro en interview ou Ubu roi au théâtre pour vous en convaincre.
Michel de la Teigne
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