Week-end de chassé-croisé entre juillettistes et aoûtiens. À Paris gare de Lyon, des cohortes de voyageurs sortent de la gare sous le regard avide des racoleurs et démarcheurs de tout poil. Le tumulte de l’endroit a des allures de contrées exotiques où l’on peut choisir de regagner son hôtel en tricycle motorisé aux couleurs vives ou à la force du mollet d’un local… Une bande de loubards est affalée sur la rambarde d’accès aux taxis de l’esplanade : « Un taxi pour la banlieue, ma p’tite dame ? », interpelle l’un ; « Paris, Paris, Paris ! », postillonne un autre. Les clients se réfugient dans leur enclos réservé avec une furieuse envie de bêler sur leur sort… À l’arrière de mon taxi, j’ai oublié de remettre mon masque. Le chauffeur ne réagit pas. Son masque sous le menton, il me demande ma destination. En me voyant dans le rétroviseur réajuster à mon visage l’accessoire désormais indispensable de nos vies sous pandémie, mon chauffeur réajuste le sien en miroir. « Excusez-moi ! » s’empresse-t-il. « Je le mets en fonction du client. Certains deviennent agressifs lorsque je les accueille avec le masque. Je ne suis ni le Président, ni la police ! C’est comme pour les racoleurs qui harcèlent les clients, je suis trop vieux pour me faire casser la gueule pour des idées ! »
« Mourir pour des idées, d’accord, mais de mort lente. » Georges Brassens nous avait déjà avertis à son époque que « depuis tant de grands soirs que tant de têtes tombent, au paradis sur terre, on y serait déjà »… En même temps que les vacances gouvernementales, les médias ont annoncé la rentrée judiciaire de plusieurs membres du gouvernement. Et si, après des mois de restriction, nous avons tous envie de mettre le museau au soleil, vaccinés ou non vaccinés, nous avons tous intérêt à ne pas oublier les gestes barrières ni le port du masque afin ne pas nous préparer une rentrée qui déchante.
Hélène Manceron
Plus d’info : Georges Brassens – Mourir Pour Des Idées – Ecouter la chanson