Taxis/T3P : Reprise au compte-gouttes

Ce nouveau déconfinement s’annonce progressif et malgré le soutien économique de l’État et leur nouvelle éligibilité à la vaccination, la durée de la crise ronge de nombreux chauffeurs de taxi. Touchés directement par les restrictions de mobilité et de réunion, ils doivent également faire face à l’évolution des comportements en matière de mobilité : revendiquer l’accès aux territoires, comme les taxis des départements du bassin genevois, ou manifester pour l’intégration du taxi dans les voies de circulation réservées, comme à Montpellier. Et si la relance se fait attendre, une récente enquête révèle que le modèle VTC est parvenu à son point de bascule.
Aides et vaccination
Conscient de l’exposition de certaines professions et de leur impossibilité d’exercer en distanciel, le ministère du Travail a ouvert depuis le 25 avril dernier des créneaux de rendez-vous dédiés aux taxis qui font désormais partie des professions prioritaires pour la vaccination. Pour l’instant, seuls les chauffeurs de plus de 55 ans peuvent bénéficier de ces créneaux mis en place dans les départements par les agences régionales de santé (ARS). Quant au fonds de solidarité de mars 2021, nombreux sont les chefs d’entreprise taxi qui attendaient la mise en ligne du formulaire. Le dispositif devrait courir jusqu’en juin prochain, mais le décret du 10 avril dernier fait évoluer les règles. Il gèle notamment le choix de la référence de chiffre d’affaires en fonction du choix réalisé par le chef d’entreprise au titre de février 2021. Par ailleurs, pour les travailleurs non salariés contraints de garder leur enfant malade ou dont la classe est fermée, ils peuvent demander à bénéficier d’un arrêt de travail dérogatoire via le téléservice « declare.ameli.fr », sans consultation préalable d’un médecin. Pour les salariés du taxi, le dispositif d’activité partielle a été maintenu. Enfin, les prélèvements sociaux ont été suspendus pour les travailleurs indépendants des secteurs impactés par la crise et éligibles aux exonérations de cotisations sociales.

Mon activité, c’est ta mobilité !
Si les taxis de Savoie, de Haute-Savoie, du Jura, de l’Ain, du Rhône et de l’Isère avaient appelé à manifestation, c’est certes pour défendre l’activité de leurs entreprises mais aussi le droit à la mobilité sur la zone transfrontalière du bassin genevois. Protestant contre l’application par Genève d’un accord qui limite leur travail en Suisse à 90 jours et les oblige à déclarer leurs courses 8 jours à l’avance, des centaines de taxis de France, soutenus par les VTC locaux, ont manifesté aux abords de plusieurs douanes franco-suisses. De part et d’autre, les autorités envisagent des pistes de sortie de crise, mais la demande des taxis de pouvoir transiter dans le canton de Genève sans restriction reste en attente. Idem pour les taxis montpelliérains qui, se voyant exclus des voies réservées, ont manifesté chaque semaine afin que la municipalité consente à dialoguer. Reçus par le maire et la vice-présidente de la Métropole chargée des transports, les taxis ont obtenu pour l’instant que leurs représentants intègrent le groupe de réflexion afin notamment d’établir des dérogations pour emprunter certaines voies stratégiques pour la mobilité de leurs passagers.
VTC au point de bascule
Alors que les arnaques de clients font le buzz sur les réseaux sociaux, que les taxis se mobilisent contre le racolage et la maraude illégale en gare et aux aéroports, l’étude de l’institut économique Stacian prédit la sortie de route prochaine des VTC et du modèle économique des pirates du T3P. Portant sur « Le marché des taxis et VTC parisiens et la pandémie Covid-19 », l’enquête révèle qu’après plusieurs années de croissance, le secteur a atteint un point de bascule et doit à présent relever les défis de la mobilité d’après Covid. On connaissait déjà le revers de la médaille des applications de transport VTC (congestion routière, accentuation de la pollution dans les grandes métropoles, précarité des chauffeurs, recrutement sans barrière entraînant un turn-over effréné et parfois la mise en danger des passagers…) : la pandémie semble avoir également détourné leur clientèle à coup de télétravail, de circulation à vélo, etc. Si l’étude réalisée par l’économiste Jean-Charles Simon a été commandée par l’UNIT (Union Nationale des Industries du Taxi), les ex-Grands Remisiers (assimilés VTC) ont souligné la pertinence de l’analyse. Quant à la multitude d’annonces pour vendre un véhicule VTC ou sous-louer une immatriculation, disponibles sur les sites d’annonces entre particuliers, elle témoigne de la déconfiture du modèle.

HM


Plus d’infos :
Vaccination des professions prioritaires
Accéder au site du ministère du Travail
Fonds de solidarité – Accéder au site impots.gouv.fr
Décret n° 2021-422 du 10 avril 2021
Accéder à Legifrance
Déclaration de maintien à domicile – declare.ameli.fr
Cotisations sociales – Accéder au site de l’URSSAF
« Le marché des taxis et VTC parisiens et la pandémie
Covid-19 » – Accéder à l’enquête Stacian

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