Annonçant le 24 novembre dernier la levée progressive des restrictions vers un déconfinement en janvier 2021, le président de la République a appelé la population à la « bienveillance ». Ses propos ont provoqué un soulagement pour nos petits commerces dits « non essentiels » au cœur des agglomérations, qu’elles soient rurales ou urbaines. Ragaillardis par l’esprit de Noël, librairies, fleuristes et petits magasins pourront bientôt s’émanciper du maquerellage des plateformes championnes du click & collect. Méfiance pourtant car si la bienveillance est synonyme d’ouverture et de partage, elle est également un outil marketing à la mode, largement employé par les communicants de tout poil pour promouvoir un « peace & love » politiquement correct. Gare à ceux qui ne le seraient pas assez !
Montrant l’implication de l’État français dans la lutte contre les violences conjugales, le président de la République et le gouvernement ont multiplié les annonces lors de la journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes. Mais alors que, depuis le Grenelle 2019 qui avait été initié pour la cause, les taxis et les délégués départementaux aux droits des femmes et à l’égalité ont multiplié les dispositifs et les protocoles pour exfiltrer les victimes, c’est à Uber, champion de l’évasion fiscale, qu’a été offert un coup de pub par le VRP le plus emblématique de notre démocratie, Emmanuel Macron.
Une faveur d’autant plus ironique que de multiples plaintes d’agression pèsent sur les agissements de la multinationale. En France, le hashtag #UberCestOver faisait éclater le scandale en novembre 2019. Aux États-Unis, dès 2018, Pamela Anderson avait tourné une vidéo de mise en garde. À Londres, Uber a failli cet été pour le même motif se faire sucrer son autorisation d’exercer. Rompue à la critique, la plateforme numérique a même ajouté un bouton dédié pour que les passagères puissent envoyer un SOS une fois mal embarquée…
Bien évidemment, le sang des taxis n’a fait qu’un tour. Ils ont revendiqué l’application d’une loi votée depuis 4 ans par l’Assemblée nationale et qui permettrait le contrôle des conducteurs des plateformes… mais qui n’est toujours pas en vigueur. En silence, ils ont été renvoyés faire la queue en station.
Notons que si le gouvernement invite à #NeRienLaisserPasser, sa bienveillance semble avoir la vue basse !
Hélène Manceron
Photo de couverture réalisée par ©DoYouSpeakTaxi
