Tribune : Voies réservées, privilège ou juste retour des choses ?

Tandis que de nombreuses municipalités ont instauré des restrictions de circulation afin de favoriser les déplacements à vélo, un collectif de VTC rallume la polémique et intente une procédure en judiciaire contre la Mairie de Paris afin d’obtenir l’accès aux voies réservées bus/taxis. Sous le pseudonyme de Cheh-Man, un adhérent des LNTP, Les Nouveaux Taxis Parisiens, nous fait partager une savoureuse allégorie de l’antagonisme taxi/VTC.

« Dans une grande ville où se mélangent monuments historiques, commerces, restaurants, salles de spectacle et autres lieux touristiques, un restaurateur projette d’ouvrir son établissement gastronomique. Tout est à sa portée sauf posséder une licence pour vente d’alcool, sans laquelle il ne pourrait attirer suffisamment de clientèle. Il choisit alors de louer un établissement doté de ladite licence.
Après plusieurs années d’attente il obtient le précieux sésame : il peut enfin diriger et posséder son propre restaurant avec licence vente d’alcool. De nouvelles années florissantes s’écoulent mais vient le moment pour le restaurateur de partir en retraite. Dès lors il cède, pour plusieurs centaines de milliers d’euros, son restaurant avec licence à un jeune ambitieux passionné de restauration. Bien entendu, les emplacements dotés d’une licence de vente d’alcool sont limités, ce qui justifie la valeur élevée du bien. Seulement quelques mois après l’installation du nouveau restaurateur, une personne flairant le filon de l’emplacement fréquenté se met à vendre des sandwichs et des boissons à bas coût, juste en face, les soirs de forte affluence. Il dispose d’un équipement assez basique qu’il remballe une fois les poches pleines et revient chaque week-end.
Face à cette concurrence déloyale, le restaurateur réclame aux autorités la parité et que ce petit vendeur de sandwichs et sodas soit soumis aux mêmes mesures d’hygiène et obligations fiscales que lui. Forcé de se plier à la réglementation, le vendeur rudimentaire entreprend une formation puis investit dans la location d’un food-truck répondant aux normes d’hygiène et enregistre sa petite boîte au registre correspondant. Il vient régulièrement et uniquement lors de forte affluence puis, à chaque fin de soirée, remballe.
La cohabitation se passe plutôt bien malgré quelques petits couacs de voisinage. Cependant, trouvant qu’il ne fait pas assez de bénéfices, le gérant du foodtruck décide alors de vendre bières et schnaps. Or cela lui est formellement interdit, ce que les forces de l’ordre ne tardent pas à lui rappeler sous peine de fortes amendes. Le proprio du foodtruck crie au scandale car le restaurateur en face a le droit de vente d’alcool, or lui aussi se dit restaurateur… Culotté non ?
Maintenant remplaçons les protagonistes : le propriétaire du restaurant est un taxi exploitant une licence lui permettant de stationner sur la voie publique en attente de clientèle et d’emprunter les voies de bus ; Le proprio de foodtruck, un VTC qui, avant de développer sa société, faisait du UberPop. Le parallèle colle parfaitement… Pourquoi leur autoriser les mêmes droits ? Qu’apporte le chauffeur VTC (tout comme le foodtruck) à la collectivité alors que le restaurateur et le taxi investissent et participent, eux, aux taxes locales ? »

Cheh-Man, adhérent LNTP

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