Taxi parisien depuis 5 ans, Arash Ghannadzadeh est né en Iran. Passionné de photographie, il allie son métier et son art pour nous livrer des portraits de notre société. Témoin silencieux mais attentif de la pandémie que nous traversons, il s’est consacré à une série de photos, « Covid-Graffiti », que l’on peut découvrir sur le net. Alors, taxi ou photographe ?
Je travaille peu dans mon taxi car c’est un métier harassant. Beaucoup de mes collègues en ont la santé ou le moral brisés. Pendant la pandémie, je ne suis sorti que quelques heures par jour afin de prendre des photos pour mon projet « Covid-Graffiti ». Depuis fin 1988, quand a commencé ma passion pour la photographie, j’ai développé une préférence pour deux types de photos : la photo prise de très près, pour voir et immortaliser tous les détails, et la photo prise de très loin là où nul ne peut apercevoir le sujet ! Être taxi me permet de bénéficier d’un poste d’observation privilégié car dans le taxi, le comportement des gens se dévoile. Une de mes références est le film « Taxi Téhéran » de Jafar Panahi. Ce film a été réalisé avec beaucoup de simplicité et peu de moyens mais il illustre la multitude de visages de la société. Mon projet de portraits intitulé « Regards » m’a offert l’occasion rêvée de faire les photos qui me fascinaient depuis bien longtemps, avec des personnes inconnues dans une ville comme Paris. Le rêve de tous photographes !D’où vous est venue l’idée de Covid-Graffiti ?
Avant chaque projet, je réfléchis au sens que ce phénomène a pour moi. Pour Covid-Graffitti, j’ai dû réfléchir vite ! Maintenant que le virus est là, les masques ont fait pâlir les visages. Pourquoi ne pas accueillir ce bouleversement de notre société avec des couleurs ? Pour cette raison, j’ai souhaité inviter dans le même cadre le Covid et les graffitis. En utilisant la magie des graffitis, j’essaye de ridiculiser ce virus qui nous défie avec ses morts ! J’ai immortalisé, devant les graffitis que j’avais sélectionnés, des passants rencontrés au hasard dans les rues de Paris, les gens qui portent des masques ou des écharpes pour se protéger ou protéger les autres. J’ai évité de photographier leurs pieds pour qu’ils s’intègrent dans l’œuvre sur le mur. Comme pour la série de portraits « Regards », je garde en tête les paroles de la poétesse Forough Farrokhzad : « Garde à l’esprit le vol, car l’oiseau est mortel » auxquelles je me permets d’ajouter : « Immortalisons le regard, car les yeux vont s’éteindre ! »
Propos recueillis par HM
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