Taxis/T3P : Le casse-tête du déconfinement

Les transports sont au cœur des enjeux du déconfinement. L’activité des taxis a chuté dans tous les territoires et il est à craindre – malgré une légère reprise d’ores et déjà ressentie – que le maintien de la fermeture du secteur touristique (hôtels, restaurants, salles de spectacle, boîtes de nuit, etc.) continue de les paralyser. Tandis que les organisations professionnelles restent mobilisées pour apporter le maximum de soutien économique aux entreprises de proximité, la sécurité sanitaire de leur véhicule reste la préoccupation des chauffeurs.

Distribution de masques organisée par la FNDT en Essonne.

Où sont les masques ?
Que ce soit par des commandes directes ou par des dotations publiques, petit à petit, les taxis tentent de s’équiper. « Il a été difficile de se procurer des masques à cause de la pénurie et de la flambée des prix. En Île-de-France, grâce à la Région que nous remercions vivement, nous avons pu bénéficier d’une dotation. Dès que nous avons reçu les masques, les représentants de notre Fédération se sont mobilisés pour les acheminer dans les départements afin de les distribuer aux chauffeurs, qu’ils soient adhérent ou non », explique Didier Hogrel, président de la FNDT, Fédération nationale du taxi. Pour les chauffeurs qui ont pu en bénéficier, à raison d’un nouveau masque toutes les 4 heures, nombreux sont ceux s’inquiètent du volume à leur disposition, toujours insuffisant pour sereinement se protéger et assurer leur sécurité sanitaire et celle de leurs passagers.
Protections en question
L’annonce du Premier ministre lors de la présentation du plan de déconfinement le 28 avril dernier a jeté le trouble dans la profession. Il a en effet annoncé que « le port du masque sera obligatoire dans les taxis comme dans les VTC si ceux-ci ne sont pas équipés de plexiglass », alors que le plexiglass reste un matériau déconseillé pour ce type d’équipement. Dans l’attente d’un prochain décret qui devrait préciser les conditions requises, les recommandations pour l’équipement des taxis sont : « Utiliser un matériau souple permettant de préserver la dissipation d’énergie en cas de choc et de ne pas occasionner de blessure aux passagers en cas de freinage brutal ; ne pas utiliser un matériau susceptible d’être dangereux (tranchant, angles vifs, non cassant pouvant générer des risques de coupure) ; ne pas gêner la visibilité du conducteur (rétrovision par le rétro intérieur central) ; ne pas gêner l’accès aux places assises, l’utilisation des ceintures de sécurité… ; être correctement fixé pour éviter toute perturbation du conducteur lors de l’utilisation du véhicule ; être régulièrement désinfecté. » Ajoutons que l’installation d’un dispositif de séparation ne dispense pas des gestes barrières et du port d’un masque car dans un véhicule, si quelqu’un tousse, c’est tout l’habitacle qui en profite !
Soutien économique
Si, comme la majorité des entreprises de proximité, les taxis sollicitent le Fonds de solidarité pour un deuxième mois consécutif, leurs organisations professionnelles soutenues par la CPME et l’U2P restent mobilisées pour éviter le naufrage économique du secteur. L’Union nationale des caisses d’assurance maladie projette la mise en place d’une aide exceptionnelle afin de compenser la perte d’activité due au confinement subi par les transporteurs sanitaires. Dorénavant intégrés dans le dispositif grâce à la mobilisation de leurs organisations professionnelles, les taxis conventionnés dont le chiffre d’affaire réalisé pour le compte de l’Assurance maladie représente a minima 50% de leur activité pourraient, sur présentation de justificatifs comptables, bénéficier d’une aide afin de pouvoir couvrir les charges fixes ainsi que les charges fiscales et sociales de leurs entreprises. Le texte législatif encadrant cette indemnité est attendu pour fin mai.
Uber beurk
Se félicitant du rejet de la procédure en référé initiée par la Fédération des Taxis de Province et de l’entreprise Viacab auprès du tribunal de commerce de Paris afin de la contraindre et par là-même ses homologues, à appliquer la réglementation française, Uber continue d’être au centre de la polémique. Un récent article paru dans Mediapart révèle le lobbying cultivé par Uber. « Intéressant de découvrir comment, pendant que je défendais l’application d’une loi visant à remettre de l’ordre et de la justice dans le secteur des transports pour protéger les chauffeurs et les consommateurs, la multinationale Uber menait des actions de lobbying auprès des ambassadeurs à l’étranger, à l’extérieur, pour me mettre la pression à l’intérieur et empêcher l’application d’une loi. C’est un journaliste, Alexandre Léchenet, qui a retrouvé cette correspondance au ministère des Finances », déplore Laurent Granguillaume rapporteur de la loi du 29 décembre 2016. « Cela permet de mieux comprendre comment une loi de la République votée à l’unanimité au Parlement en février 2016 fait toujours l’objet de résistance dans son application par les ministres qui se succèdent au ministère des Transports. Quatre ans plus tard, certains arrêtés n’ont pas été pris par le gouvernement. Uber est plus écouté en France par les responsables politiques que les citoyens eux-mêmes. Le jour où ça craquera pour de bon, il ne faudra pas dire : « on ne savait pas ». » HM

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