Alors que les mesures de confinement ont été prolongées jusqu’au 11 mai prochain, les taxis et leurs organisations professionnelles restent mobilisés pour résister à la crise sanitaire. Si la majorité des chauffeurs reste confinée, nombreux sont ceux qui multiplient les précautions pour assurer le transport de malades et des soignants. Tandis que les chauffeurs ubérisés restent captifs des promesses de leurs plateformes, les représentants des entreprises de proximité tentent d’éviter le naufrage économique.Placebo 2.0
À la précarité, les chauffeurs ubérisés voient désormais s’ajouter l’insécurité sanitaire. Alors que les plateformes disruptives multiplient les déclarations d’intention d’équipement en masque et d’indemnisation de leurs chauffeurs, ces derniers se méfient de promesses qu’ils jugent impossibles à tenir et dénoncent un double discours. Uber a par exemple tenté d’entrouvrir la porte du transport médical en offrant aux soignants d’économiser sa commission sur le prix des courses « Avec Uber Medics, Uber reste fidèle à lui-même. L’avantage, c’est pour le client, rien pour le chauffeur », déplorent-ils. Un cabinet d’avocats invite les chauffeurs ubérisés à profiter de leur temps disponible pour préparer un dossier de requalification de leur relation contractuelle se prévalant de la jurisprudence établie par la Cour de cassation début mars dernier. Effets positifs des mesures de confinement, à la faveur des contrôles des attestations de déplacement dérogatoire menés par les policiers d’Île-de-France, un trafic de drogue organisé sous couverture d’une société de VTC a été démantelé.
Soutien économique
Accueillant avec soulagement l’abaissement du seuil de déclenchement du fonds de solidarité à 50 % de perte de chiffre d’affaires entre les mois de mars 2019 et 2020, de nombreux chauffeurs de taxi ont saisi les dispositions proposées par le gouvernement afin de protéger la trésorerie de leurs entreprises. La majorité des chefs d’entreprise reconduiront en avril cette démarche assez simple. De plus, grâce à la mobilisation de l’U2P, la CPME et le MEDEF, les travailleurs indépendants artisans et commerçants pourront bénéficier d’une « indemnité de perte de gains » pour ce même mois d’avril. Aide cumulable avec la dotation du fonds de solidarité, cette indemnité sera « modulable en fonction du niveau de cotisations de chacun au régime de retraite complémentaire des indépendants (RCI), et ce dans la limite maximale de 1250 € nets d’impôts et de charges sociales », ont annoncé les organisations patronales.Solidarité et protection
Afin de maintenir leur service auprès de la clientèle ainsi que des soignants alors que l’épidémie continue sa progression, nombre de taxis ont équipé leur véhicule d’une séparation entre l’espace conducteur et l’espace passager. Tandis que certains ont recours au système D avec les moyens disponibles, plusieurs sociétés proposent déjà différents types de séparateurs. Major du secteur, G7 a développé une cloison amovible souple pour ne pas se briser en cas de choc tout en restant assez rigide pour assurer l’étanchéité, ainsi qu’un nettoyage de l’habitacle à l’ozone. Quant aux masques, les fédérations ayant déjà réalisé leurs commandes auprès des fournisseurs recommandés par l’État prévoient un délai de livraison de 15 jours minimum. À Lyon, La Rochelle, Paris, Grasse, Marseille, Cannes, Nice…, les taxis ont organisé des cortèges et des collectes pour soutenir les personnels soignants. Nombreux sont les chauffeurs qui déplorent l’hospitalisation voire la perte d’un collègue. Nous souhaitons leur adresser ainsi qu’à leur famille tout notre soutien.
HM