Comment s’organisent les taxis de Grasse, destination choyée par les touristes et les vacanciers, pour faire face au contexte de crise sanitaire ? Quelles mesures de précaution ont-ils pu instaurer dans leurs véhicules ? Quelle solidarité ont-ils pu organiser ? Rencontre avec Patricia Bonod, référente du standard de Grasse et secrétaire du syndicat des taxis ST06 affilié à l’UNT.

Patricia Bonod
Quel service assurez-vous depuis le confinement ?
Depuis ces mesures, les courses sont rares, tant en privé qu’en médical. Sur ce dernier type de transport et selon les établissements, seuls les rendez-vous importants ne pouvant pas être reportés ont été conservés ainsi que les dialyses, chimiothérapies, radiothérapies. Nous nous sommes également organisés pour le transport des soignants que nous réalisons gratuitement car c’est notre manière de concrétiser notre solidarité. Afin de ne pas être un facteur de contagion, nous ne montons plus dans les étages des établissements hospitaliers. Nous avons organisé un cortège devant l’hôpital de Grasse car cela nous faisait plaisir de leur rendre cet hommage, de manifester visiblement notre soutien. Afin de pouvoir répondre à la demande des transports conventionnés de façon cohérente, nous bénéficions d’un numéro unique – le 04 92 18 17 17 – afin de proposer une seule interface qui couvre bien sûr les communes avoisinantes.
Quelles précautions avez-vous prises ?
Au début du confinement, cela a été difficile. Nous avons donc fait appel au maire de Grasse, Jérôme Viaud, qui a fourni le matériel pour les 22 taxis de la commune. Ensuite, il a fallu expliquer aux clients, qui chez nous montent devant, pourquoi ils devaient désormais s’installer à l’arrière. Enfin, plusieurs types de protection ont été installés dans nos véhicules, la plupart du temps par les chauffeurs eux-mêmes et à leurs frais. Aujourd’hui, nous sommes pour la plupart équipés de masques, gel hydroalcoolique, produits bactéricides et virucides afin de désinfecter nos véhicules après chaque sortie de client. Certains d’entre nous ont posé eux-mêmes des films de protection à l’aide de matériaux qu’ils se sont procurés dans les grandes surfaces ou auprès de professionnels : panneau de plexiglass de 1 à 3 mm, surface transparente, film… Dès qu’une installation est faite, nous nous envoyons mutuellement les photos ou vidéos avec les tarifs de façon à nous rendre chez des professionnels n’abusant pas de la situation et faisant du bon travail.
À quelles difficultés devez-vous faire face ?
Taxis de famille, nous avons un rôle essentiel d’information. À chaque prise en charge, j’explique au client les précautions sanitaires prises pour le transport afin de ne pas le désorienter. Certains médecins ne font pas la distinction entre VSL et taxi dans leurs prescriptions par oubli ou méconnaissance des caractéristiques sanitaires qu’impose le transport médical conventionné par l’Assurance maladie. Nous savons nous adapter aux besoins des malades et nous leur servons souvent d’exutoire, que ce soit face à la maladie ou aux difficultés de la vie. Pour nos entreprises, le pire est à venir. Certains chauffeurs qui travaillaient essentiellement en station restent confinés par obligation car ils n’ont plus de travail. Nous essayons d’organiser notre solidarité et partageons au maximum les informations qui nous parviennent de notre fédération comme des autorités. Les aides de l’État sont indispensables et nous espérons qu’elles seront renouvelées car notre activité est directement impactée par celle de notre région. Le tourisme est à l’arrêt, les hôtels et restaurant sont fermés, les festivals annulés. Il n’y a pas de train ni de vacances scolaires. Les chiffres sont catastrophiques. Le 11 mai ne marquera pas un retour immédiat à la normale et nous devons anticiper les conditions d’un déconfinement progressif.
Propos recueillis par HM