Lors de son intervention du 31 mars dernier, le président de la République a tenté de justifier la pénurie de masque et d’équipements qui entrave la maîtrise de l’épidémie et la protection des personnels les plus exposés dans l’Hexagone. Revendiquant un retour à une production made in France, il a annoncé la volonté de cultiver une réindustrialisation de l’économie nationale. Après avoir réhabilité l’État providence et proclamé la mobilisation de la population et des forces vives de la nation dans une guerre sanitaire contre la pandémie de coronavirus, Emmanuel Macron avait annoncé la réquisition des taxis et des hôtels pour les besoins de continuité de service public des personnels soignants. Réactivant habilement la symbolique des fameux taxis de la Marne de la Première Guerre mondiale, le chef de l’État a touché au cœur les chauffeurs et les a placés devant un choix cornélien : accomplir son devoir civique ou suivre le désir légitime de rester confiné pour protéger sa familles et ses salariés dans une activité économique à l’arrêt.
Sauf que… les taxis n’ont pas été réquisitionnés. Pour ce faire, il eût fallu que l’État prenne la responsabilité d’a minima les équiper (masque, gants et gel hydroalcoolique) pour ne pas se voir reprocher leur exposition au virus. L’organisation du transport des soignants a été déléguée aux centres de soins et aux organisations de taxis en local, immunisés par leur seule bonne volonté. En l’absence d’itinéraire et de carburant, le chemin de la victoire semble encore hasardeux.
Dénonçant l’insécurité sanitaire qui s’ajoute à la précarité de leur activité, les travailleurs ubérisés dénoncent quant à eux la pression exercée par les plateformes de mise en relation et appelent le gouvernement à suspendre leur activité. Ils alertent sur leurs conditions de travail et les témoignages de détresse se multiplient sur les réseaux sociaux. Pendant ce temps, le secrétaire d’État aux Transports, Jean-Baptiste Djebbari, occultant soigneusement l’optimisation fiscale opérée par les licornes du numérique pour garantir leur rentabilité, félicite publiquement l’opportunisme de la plus célèbre d’entre elles !
Dans ce contexte de crise, de nombreux chauffeurs de taxi promettent d’ores et déjà #Onsensouviendra
Hélène Manceron