S’adaptant à la succession de contextes de crise que traverse l’Hexagone, les taxis et leurs organisations professionnelles restent vigilants. Alors que la rapacité des plateformes disruptives ne tarit pas malgré la déroute de leur modèle, chauffeurs et représentants syndicaux restent mobilisés pour faire valoir leur métier et respecter leur activité.

Pour faire entendre leur expertise de terrain et préserver les conditions de service auprès des passagers les plus fragiles,
les taxis parisiens ont manifesté devant la gare de Lyon.
Taxis parisiens
Mobilisés pour contester la privatisation de la dépose emblématique sous l’horloge de la gare de Lyon, les taxis parisiens et leurs organisations professionnelles ont obtenu quelques avancées. Acceptant notamment la réouverture de la station rue de Bercy, les responsables de la gare ont fini par accorder aux taxis une dizaine de minutes de gratuité d’accès à la plateforme, un délai néanmoins largement insuffisant pour les voyageurs à mobilité réduite dont la dépose et l’accompagnement jusqu’à l’accueil dédié de la gare nécessite le double de temps.
Fers au feu
À Paris, l’actualisation tarifaire 2020 a mis les nerfs des installateurs à rude épreuve ! Il a fallu attendre 3 versions correctives pour que paraisse enfin, le 19 février, l’arrêté n° 2020-00163. « Les forfaits aéroports n’avaient jamais augmenté depuis leur création. Leur actualisation est une bonne nouvelle mais ne remplace pas une circulation dégagée », nous confie un chauffeur impatient de voir apposer la lettre F en rouge sur son taximètre. Côté transport de malades assis, Uber tenterait une nouvelle manœuvre de séduction auprès des taxis conventionnés en organisant des réunions pour inviter les taxis à rejoindre la multinationale. Combien seront-ils à accepter d’ajouter in fine une commission aux remises déjà accordées ?
Pénibilité du taxi
Le 23 janvier dernier, réunies en intersyndicale, les organisations professionnelles de taxis ont adressé un courrier au Premier ministre ainsi qu’au secrétaire d’État aux Transports afin que soient pris en compte les « facteurs de risques indéniables qui caractérisent la pénibilité [du métier de chauffeur de taxi] telle qu’elle est définie par le Code du Travail » : « contraintes physiques marquées » qu’induisent la conduite de longue durée et les troubles musculo-squelettiques dont s’aperçoivent rapidement de nombreux chauffeurs ; « environnement physique agressif » dû à la circulation et à la pollution atmosphérique que mesure actuellement l’étude épidémiologique PUF Taxis… Au nom de la justice sociale, l’intersyndicale a demandé que soient examinées les modalités d’intégration des taxis quel que soit leur statut dans le dispositif de retraite à venir.
Sécurité T3P
À partir de ce 1er mars 2020, les chauffeurs de VTC ne disposant pas de cartes sécurisées ne pourront plus transporter de passagers. « Le portail Cerbère permet une meilleur traçabilité des chauffeurs de VTC. Il permet d’identifier les cartes volées, trafiquées ou fabriquées », explique une source proche du dossier. « Ce site donne un moyen aux entreprises de vérifier la validité de la carte professionnelle du chauffeur dont ils sont partenaires. C’est également un véritable outil pour l’administration. Cet été nous enregistrions environs 5 700 connexions, nous en sommes à 37 000 ! » Pour les taxis, ils devront bientôt faire renouveler la leur s’ils ne disposent pas du nouveau modèle sécurisé.
Chauffeurs ubérisés
Toujours en révolte contre les conditions imposées par les plateformes type Uber, Kapten et Marcel, les chauffeurs de VTC menacent d’une nouvelle mobilisation le 6 mars prochain. Appelant à une grève des connexions chauffeurs, ils dénoncent leur précarité, des déconnexions abusives et réclament entre autres la définition d’un tarif minimum. Pendant ce temps, le gouvernement semble étudier l’abaissement du niveau de l’examen pour devenir conducteur de VTC et s’interroge sur l’utilité de maintenir l’épreuve évaluant la maîtrise du français par les candidats. Une disposition tout à l’avantage des plateformes VTC victimes de leur fort turnover.
Guadeloupe
Décidées à désormais faire appliquer la réglementation sur le transport public particulier de personnes et protéger les croisiéristes en escale, les autorités guadeloupéennes ont multiplié les opérations de contrôle. Un premier bilan fait état de 45 % d’infractions sur les 152 véhicules contrôlés (taxi, VTC et Loti confondus) pour une moyenne de 2 opérations par mois jusqu’à la fin de la saison des croisières. Pour faire le point sur la situation, le député Bruno Millienne a été chargé par le gouvernement d’une mission temporaire et recueille les espoirs des taxis locaux.
Made in USA
Licenciant à tour de bras afin de lisser ses pertes colossales, Uber vient de fermer précipitamment son bureau de Los Angeles – 80 salariés mis à pieds sans préavis – et délocalise ses bureaux de liaison avec les chauffeurs à… Manille ! À New York, la municipalité vient d’être condamnée à verser la somme de 810 millions de dollars pour dédommager des chauffeurs de taxi victimes, selon la procureure de l’État de New York, d’un « gonflement artificiel des prix des licences » entre 2004 et 2017, prix qui s’est ensuite s’effondré avec l’arrivée massive d’une concurrence disruptive. Dont acte !
HM
Plus d’info :
Arrêté tarifs « nationaux » du 24/12/19 – Accéder à Légifrance
Arrêté tarifs « parisiens » du 19/02/20 – Télécharger le document
Portail d’authentification Cerbère – Accès au portail