Tandis que l’actionnaire fondateur de Uber a réussi à se débarrasser de ses obligations, les décisions judiciaires se multiplient à travers le monde obligeant la multinationale à requalifier ses pseudo-partenaires en salariés. En France, toujours en résistance contre la concurrence déloyale, les taxis semblent reconquérir les faveurs du public et des édiles de proximité. Faisant face à une volonté de réorganisation numérique de leur ministère de tutelle ainsi qu’aux exigences de suivi budgétaire de l’Assurance maladie, chauffeurs et organisations professionnelles restent mobilisés pour défendre les prérogatives du service de leur profession mais peuvent également témoigner de la reprise que confirme le succès des inscriptions en formation.
Uber requalifié
Lorsque Dara Khosrowshahi, le patron d’Uber, fait miroiter de futurs bénéfices en 2021, il utilise une méthode comptable empruntée aux « surfeurs » du krach boursier de la fameuse bulle Internet de 2001-2002, pendant que son actionnaire fondateur, Goldman Sachs, se désengage en vendant ses 10 millions d’actions en catimini. Dans leur berceau californien, la justice a définitivement contraint les plateformes disruptives à requalifier leurs chauffeurs en salariés, idem à Madrid et à Turin. En France, le conseil des prud’hommes de Lyon a été saisi le 31 janvier dernier par 120 chauffeurs de VTC qui dénoncent eux aussi la relation de travail déguisé imposée par les licornes du numérique. La Fédération française des taxis de province (FFTP) a quant à elle saisi en référé le tribunal de commerce de Paris pour contraindre Uber à s’inscrire au registre des exploitants de VTC sous peine de cesser son activité dans l’Hexagone.
Taxi time
Alors que les taxis voient leur rôle confirmé dans une mobilité durable, le secteur reste en proie à la concurrence déloyale. En Haute-Savoie, taxis et VTC loyaux ont manifesté contre l’invasion des pirates du transport particulier de personnes (T3P). En Savoie, où la saison hivernale bat son plein, une importante opération a mobilisé le parquet d’Albertville, la gendarmerie et les services anti-fraude de l’État afin de lutter contre les sociétés de VTC qui exploitent les failles de la réglementation européenne sur les travailleurs détachés. À Paris, après avoir laissé envahir la dépose de la gare de Lyon par tous types de conducteurs et racoleurs, la SNCF a décidé de rendre l’accès au parvis payant ! En dépit du soutien de la Mairie aux demandes des taxis, les organisations professionnelles ont appelé à mobilisation le 21 février prochain.

Déjà astreints à renouveler leurs cartes professionnelles, les taxis s’inquiètent de nouvelles contraintes sur leurs entreprises .
Marge de manœuvre réduite
Afin de faciliter les contrôles, le ministère des Transports a présenté aux acteurs du secteur un nouvel outil informatique permettant de centraliser l’ensemble des informations relatives aux conditions administratives d’exploitation des taxis, des VTC et des motos. Déjà astreints à renouveler prochainement leurs cartes professionnelles afin de disposer eux aussi d’un QR code, les taxis s’inquiètent des contraintes supplémentaires sur leur activité comme du respect de la confidentialité des données. Tandis que l’actualisation tarifaire de l’année est désormais disponible dans tous les territoires, l’Assurance maladie a rappelé qu’en vertu du protocole d’accord, la désindexation des tarifs préfectoraux devait être totale. Même dans les départements où les conventions ne se basent pas sur un distancier mais sur la facturation compteur, aucun changement pour les taxis car les caisses départementales auraient reçu une circulaire leur permettant de recalculer automatiquement les montants facturés.
HM