Alors que depuis 2 ans, le gouvernement pousse au renouvellement du cadre des mobilités, la loi d’orientation des Mobilités (LOM) touche au terme de son parcours législatif. Précurseurs dans la rénovation de leur réglementation depuis 2014, les taxis et leurs organisations professionnelles n’avaient pas sollicité d’évolution réglementaire. Quels seront les impacts sur leurs entreprises ? Rachid Boudjema, président de l’Union nationale des taxis – UNT –, et Ahmed Senbel, président de la Fédération nationale des taxis indépendants – FNTI – ont répondu à nos questions.

Ahmed Senbel, FNTI et Rachid Boudjema, UNT.
L’évolution de la LOM est-elle positive ?
« D’abord, rappelons que ce n’est pas une volonté des fédérations d’impliquer le taxi dans cette nouvelle loi. Cela nous a été imposé. Nous avons alerté des conséquences de certaines dispositions et proposé des rédactions épargnant nos entreprises. Nous devons rester vigilants pour éviter que le diable ne se cache dans les décrets d’application de la loi », avertit Rachid Boudjema. « La FNTI et l’UNT ont réalisé un énorme travail d’analyse et de proposition sur les articles. Le texte initial de la LOM était défavorable à notre activité. Il donnait aux VTC les prérogatives relevant de l’activité des taxis sans en partager les inconvénients. Nous avons su nous battre contre cette volonté politique pro-VTC », précise Ahmed Senbel. « L’impact positif du texte a été de révéler à nos organisations professionnelles la nécessité de travailler ensemble », complète Rachid Boudjema. « Il nous faut sortir la tête haute de cette nouvelle tentative de déréglementation », résume Ahmed Senbel.
Quelles sont les mesures à surveiller ?
« L’article 8 laissant, dans les TOM et les DOM, les Loti continuer à être détournés de leur d’objet, nous ne pouvons pas tolérer une application différente des lois selon les territoires ! L’article 9 concernant les données de mobilité et de stationnement reste ambigu, l’article 14 sur le transport social dans les zones rurales présage de possibles dérives », explique Rachid Boudjema. « Les différentes mesures de la LOM composent un cocktail explosif qui tend à court-circuiter notre activité. Nous craignons la professionnalisation de certains conducteurs combinant covoiturage et autopartage lucratifs », souligne Ahmed Senbel. « Quant à l’article 20 sur les relations des VTC avec les plates-formes, il témoigne d’une volonté politique de créer une troisième voie entre le salariat et l’entreprenariat alors qu’outre-Atlantique, sur la terre natale d’Uber, le législateur vient de promulguer une loi requalifiant le statut des VTC en salariat », ajoute Rachid Boudjema.
Quelles sont les perspectives des taxis ?
« Il y a un fort lobbying des VTC et autre covoiturage qui poussent pour un dévoiement de la réglementation à leur avantage », complète Ahmed Senbel. « La rédaction des décrets d’application et leurs arrêtés seront déterminants. Nous sommes conscients des enjeux des données numériques de transport, mais il faut respecter la liberté d’entreprendre et tenir compte de la réalité de notre travail. Nous ne souhaitons pas allumer le feu dans un contexte social lourd mais en parallèle du combat juridique auquel nous nous préparons, nous sommes prêts à mobiliser les 66 000 entreprises taxis si le gouvernement méprise notre profession », précise-t-il. « Nous devons croire à notre métier et en son avenir. L’appétit de nos concurrents pour tenter de prendre notre place en témoigne ! Mais ne nous y trompons pas : pour monter en puissance, nous avons besoin de nous rassembler et de nous structurer », conclut Rachid Boudjema.
Propos recueillis par HM
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