L’une des promesses des licornes du transport de personnes est de se substituer à la voiture individuelle afin de fluidifier le trafic dans les villes. Des chercheurs américains viennent de prouver le contraire. Publiée début mai par la revue Science Advances, l’étude conduite par un professeur de génie civil de l’université du Kentucky avait pour objectif d’évaluer la contribution de l’émergence des VTC dans l’évolution de la circulation à San Francisco. Entre 2010 et 2016, les chercheurs ont noté une augmentation de 22 % des embouteillages pour une augmentation de 62 % du nombre de VTC, avec un abaissement de 13 % de la vitesse moyenne de circulation dans le centre ville résultant principalement de la maraude des VTC. En démontrant la concentration des VTC aux heures de pointe du matin et du soir, ils balaient au passage l’argument des plates-formes disruptives qui prétendent pallier le manque de transport la nuit dans les quartiers excentrés ! Par ailleurs, ces scientifiques ont observé que ce type de courses remplace souvent des déplacements à pied, à vélo et qu’elles seraient aujourd’hui l’une des principales raisons de la baisse du nombre de passagers dans les transports publics américains : « Deux tiers des VTC sont des voitures ajoutées sur les routes et qui ne seraient pas là autrement. » Une enquête des forces de police ayant montré que les VTC représentaient près de 65 % des infractions routières, la ville de San Francisco cherche quant à elle à obtenir des plates-formes numériques leurs données sur le nombre de conducteurs responsables de conduite à risque ou de stationnement illégal. Uber et ses homologues tentent pour l’instant de s’y dérober mais qu’ils se rassurent : en France, on ne leur posera même pas la question !
Hélène Manceron
Plus d’infos :
Do transportation network companies decrease or increase congestion? Science Advances – 08 May 2019 – Lire l’article.