C’est la nouvelle mode en matière de mobilité urbaine : le « free floating ». À comprendre, la mise à disposition d’un moyen de locomotion sans station dédiée. Plus besoin de bornes ! Véhicules, scooters, vélos et trottinettes sont désormais géolocalisables par smartphone et répondent d’un scan de QR code. Une promesse qui offre une alternative de transport écologiquement vertueuse dans un espace public extensible à l’infini…
Précurseur du sacre de la petite reine pour les déplacements du quotidien, la Chine a connu un développement foudroyant de l’offre de vélo en libre service. Depuis ses débuts en 2016, le vélopartage bénéficie d’investissements colossaux de la part de fonds d’investissement réputés et compte aujourd’hui près de 17 millions d’utilisateurs avec un objectif à court terme de 50 millions ! Résultat : les autorités sont dépassées et aujourd’hui, de gigantesques cimetières de bicyclettes sont organisés pour débarrasser la voie publique des carcasses inutilisables. À Paris – qui se pique d’être un laboratoire de mobilité tout en restant attentive à l’invasion des trottoirs –, la mode des vélos partagés s’essouffle au profit des trottinettes électriques. Les opérateurs de ces patinettes nouvelle génération, déjà une dizaine dans la course, revendiquent chacun près de 30 000 utilisations par mois tandis que le ramassage, la recharge et la mise à disposition sont pris en charge par des « Juicers ». Ceux que l’on surnomme littéralement « presse-agrumes » en référence à la société Lime-S (« citron vert »), major du secteur, sont des indépendants. Payés environ 5 € l’unité, ils s’organisent en réseau pour gagner en volume. À la nuit tombée, ils collectent les trottinettes, les rechargent à leur domicile pour en saupoudrer l’espace public dès le lendemain matin… Et tout ça, en camionnettes diesel !
Hélène Manceron
Photo de couverture ©DoYouSpeakTaxi ?