Poussés par des impératifs de sécurité de la population et de la voie publique, le gouvernement brésilien a mis en place depuis un an une nouvelle réglementation du transport de personnes, parfois durcie par les autorités locales, comme à Sao Paulo – près de 15 millions d’habitants – où les taxis ont applaudi des deux mains les décisions du maire. Explications et commentaires d’Alexandre Bürgel, représentant d’Original Software, la plate-forme taxi la plus utilisée au Brésil.

Original Software fait partie du réseau mondial UpTop global taxi network.
Mégapole
Au Brésil, les plates-formes numériques de transport se sont développées depuis 2014 mais contrairement à la France, c’est sous sa forme UberPOP, c’est-à-dire le recours à des conducteurs amateurs, que l’application et ses homologues se sont implantés. À Sao Paulo, les 45 000 taxis doivent faire face à 150 000 véhicules (certains parlent de 240 000) tournant pour les applications Uber, 99 et Cabify ! La multiplication des agressions de clients, la dégradation de la circulation et la révolte des taxis ont poussé les autorités fédérales brésiliennes à légiférer pour réguler l’activité. Depuis mars 2018, les conducteurs travaillant avec les applications numériques de transport doivent s’acquitter des taxes municipales en vigueur sur le territoire d’exercice, souscrire une assurance obligatoire pour le transport de passagers, disposer d’un casier judiciaire vierge et utiliser un véhicule agréé. Pas vraiment inquiets de cette nouvelle réglementation nationale, Uber et ses homologues ont oublié que chaque ville avait conservé la liberté de superviser le secteur…
Reprise en main
Avant la promulgation de la loi fédérale, la municipalité de Sao Paulo s’était heurtée à de multiples procédures judiciaires engagées par les plates-formes numériques. Fort du nouveau cadre établi, Bruno Covas, maire de Sao Paulo, a signé le 4 janvier dernier un décret établissant de nouvelles règles pour le fonctionnement des applications de transport. Désormais, les amateurs ont obligation de se déclarer au registre municipal des conducteurs, les véhicules extérieurs ont interdiction de charger sur le territoire de la ville et les plates-formes de transport doivent transmettre les données des conducteurs aux fins de contrôles. Uber et consorts ont purement et simplement ignoré cette dernière exigence, invoquant des raisons de sécurité. Un comble quand on sait que ces données – notamment celles d’Uber – sont régulièrement victimes de hackers ! Tandis que les plates-formes préparent leur riposte judiciaire, les taxis s’apprêtent à relever de nouveaux défis.

45 000 taxis desservent la mégapole de Sao Paulo.
Qualité et mobilité numérique
« Notre pays est engagé dans un grand mouvement de lutte contre la corruption et de réduction des coûts », explique d’Alexandre Bürgel, représentant d’Original Software, la plate-forme taxi la plus utilisée au Brésil. « L’opinion publique considère aujourd’hui les plates-formes numériques de transport comme un effet de mode à l’utilisation risquée. Cette perte de confiance des utilisateurs est bénéfique au secteur taxi. Les flottes de taxis avec lesquels nous travaillons ont déjà enregistré un gain de 16 millions d’euros de contrats pour un marché estimé à 115 millions d’euros ! Convaincus que la question de la mobilité est primordiale, nous invitons les taxis à devenir partenaires des municipalités en partageant leurs données et en s’intégrant par exemple aux projets MaaS (Mobility as a Service), Here Mobility, qui proposent plusieurs types de transports, conformément à nos engagements dans le réseau mondial UpTop global taxi network. »
Propos recueillis par HM
Plus d’infos :
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Lei nº 13.640, de 26.3.2018 – accéder au site
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