Alors que le développement des véhicules autonomes fait saliver les constructeurs automobiles et s’agiter les gouvernements, terrorisés à l’idée de louper le coche, des voix s’élèvent pour pointer les dangers d’un « progrès » aux conséquences encore mal connues.
À quoi ressembleront nos villes dépourvues de conducteurs ? Seront-elles plus sûres, plus paisibles, moins polluées quand des flottes de robotaxis et de services de livraison à bas coût auront remplacé voiture individuelle, transports en commun et taxis, tandis que les rues de nos centres-villes, vidés de leurs commerces, se seront transformées en circuit où tournent inlassablement des véhicules plus chers à immobiliser qu’à laisser marauder en quête de clientèle ? « Votre voiture est certes plus intelligente, mais notre ville est bien plus bête », alerte le groupe de réflexion Vraiment Vraiment. Selon Adam Millard-Ball, professeur à l’université californienne de Santa Cruz et spécialiste des questions environnementales, en « circulation permanente et à vitesse réduite, deux mille voitures autonomes pourraient faire chuter le trafic automobile dans San Francisco à 3,2 km/h », révèle-t-il au journal Le Monde. Quant au coût écologique, les promoteurs de la voiture autonome passent tranquillement sous silence les conséquences d’une production de masse des équipements électroniques indispensables au fonctionnement de ces véhicules particulièrement gourmands en métaux rares. Leur extraction, l’une des plus polluantes de notre belle planète bleue, constitue déjà une source de conflits locaux. Sous silence également le coût du renouvellement des infrastructures permettant d’accueillir la circulation des véhicules communicants et leur gloutonnerie en électricité afin de traiter le gigantesque volume de données qui alimentent les algorithmes des microprocesseurs : en 2017, les datacenters de France auraient consommé à eux seuls 3 % de l’électricité produite dans le monde !
Hélène Manceron
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