Maria-Josée Leaos Dos Santos, chauffeur(e) de taxi parisien, s’est éteinte le 3 mars dernier, quelques jours avant la Journée internationale des droits des femmes.
Née au Portugal, celle qui a inspiré le tube international « Joe le taxi » s’était exilée en France dans les années 1970 pour fuir la dictature de Salazar et sa famille qui refusait son homosexualité. Pionnière dans la profession, elle était une figure emblématique du Paris by night des années 1980 et du milieu lesbien de Pigalle. « C’est là qu’elle tient avec son amie un bar de nuit. Maria-Josée y est serveuse topless, Minou s’occupe de la caisse. Elle partira avec. Avec la caisse et avec son amour. C’est comme ça que Maria-Josée devient taxi de nuit : pour retrouver son amour perdu », raconte Thomas Thévenoud dans son livre TAXI(S) ! « Comme Joe le taxi, Maria-Josée « marche pas au soda », mais elle préfère le champagne au rhum. Dans sa caisse, la musique à fond, elle sillonne Paris, dont elle « connaît toutes les rues par cœur, tous les p’tits bars, tous les coins noirs ». Sa musique à elle, c’est la rumba, par contre le « mambo qui sonne », elle connaît pas. » Au hasard de sa clientèle nocturne, elle rencontre le parolier Étienne Roda-Gil et lui raconte sa vie… La suite tout le monde la connaît : sortie en 1987, la chanson caracole en tête du Top 50 pendant des dizaines de semaines, révélant une toute jeune femme, une certaine Vanessa Paradis…
Au-delà de l’anecdote, l’histoire de Joe est emblématique d’une profession qui offre sa chance à qui veut la saisir, homme ou femme sans distinction. Elle témoigne de la richesse d’un métier où le champ des possibles ne connaît pas barrière. Elle rend hommage à ceux qui exercent leur liberté et dévorent la vie avant qu’elle ne s’étiole.
Chapeau bas, Maria.
Hélène Manceron
Photo de couverture ©DoYouSpeakTaxi ?