Lors du Salon des Taxis 2019, de nombreux débats ont abordé des revendications plus larges et partagées par de nombreux chefs d’entreprises de proximité. Organisant une consultation des chefs de très petites et de moyennes entreprises afin d’apporter leur contribution au Grand débat national qui s’achèvera fin février, l’Union des entreprises de proximité (U2P), organisation patronale interprofessionnelle représentant 2,8 millions de TPE-PME dans les secteurs de l’artisanat, du commerce de proximité et des professions libérales, multiplie les réunions dans les territoires. Alain Griset, son président, invite les chefs d’entreprises de proximité à se mobiliser et, ancien taxi, partage son analyse du secteur.

M. Alain GRISET président de l’Union des entreprises de proximité (U2P).

Quelles sont, selon vous, les perspectives de la profession ?
Je constate que la mobilité est un enjeu croissant de notre société. Le taxi doit trouver sa place dans cette dynamique car il en a les moyens, mais ce n’est pas gagné d’avance. Face aux nouvelles exigences des consommateurs, aux évolutions techniques, technologiques et intellectuelles – intelligence artificielle, véhicule autonome – qui semblent remettre en cause l’activité, il faut que les taxis, même s’ils ne sont pas les plus rétifs, s’adaptent afin de ne pas être pris de court. Deux aspects me paraissent essentiels : le consommateur doit être placé au cœur des préoccupations des chefs d’entreprise ; on ne fait pas ce que l’on veut mais ce que le client achète. En second, il faut accepter que le modèle économique change et anticiper son évolution.
Quels sont les défis à relever ?
Les femmes et les hommes chauffeurs de taxi, qui ne comptent pas leurs heures et qui ont investi dans leur outil de travail, n’ont pas la reconnaissance qu’ils méritent. Beaucoup sont inquiets mais pour décider de son avenir, il faut le prendre en main ! Il est important que la profession redevienne un interlocuteur incontournable des autorités organisatrices de mobilité (AOM). Transport de proximité, le taxi est un moyen de diminuer la circulation des véhicules particuliers en ville et cette solution doit être apportée clefs en main aux collectivités. En ruralité ou dans les territoires périurbains, où l’organisation de transports en commun représente un investissement disproportionné, c’est encore à eux de montrer leur caractère indispensable. La profession doit réfléchir aux alternatives que le taxi peut proposer sans craindre de faire évoluer le métier. Ancien de la profession, je me souviens que déjà, en 1990, à Lille, les taxis travaillaient en complémentarité des transports collectifs en assurant le service public de transport en continuité de la ligne de métro.
Pourquoi inviter les chefs d’entreprises indépendantes à contribuer au Grand débat ?
Au niveau de l’U2P, j’ai la chance d’avoir un panel de 2 800 000 entreprises de proximité représentant les ¾ des entreprises avec des enjeux multiples. Qui peut diminuer la fracture territoriale que dénoncent les gilets jaunes ? Ce sont nos entreprises, qui peuvent s’implanter au plus près de nos concitoyens. Afin de participer au grand débat initié par le président de la République et faire entendre les revendications pour le développement des petites entreprises, nous allons mener nos propres débats sur l’ensemble du territoire et lui présenter nos propositions. Dans un monde bâti sur le modèle des grandes entreprises, nous souhaitons et nous devons faire comprendre nos besoins.
Propos recueillis par HM

Plus d’info – www.granddebat.u2p-France.fr