Bien que les négociations nationales sur le transport de malades touchent à leur fin, aucun accord ne semble se dessiner. D’autant que les nouvelles dispositions de la loi de financement de la sécurité sociale pour 2018 font redouter l’entrée prochaine des grands groupes de transport dans la partie… La confusion règne et pas qu’en métropole : en Guadeloupe, c’est carrément contre le sous-préfet que les taxis portent plainte ! Pendant ce temps-là, la voiture autonome poursuit son petit bonhomme de chemin, soutenue par le chef de l’État en personne qui a confié à un ex-dirigeant de Renault une mission sur « les nouvelles mobilités ».

Dans de nombreux territoires, la concurrence s’exacerbe face aux transporteurs clandestins mais aussi aux confrères indélicats.
Protocole Uncam
À l’heure où nous bouclons cet article, Uncam et organisations professionnelles taxis jouent la balle de match de leurs négociations sur les conditions et les tarifs appliqués aux courses de taxi prises en charge par l’Assurance maladie. Et ce pour les 5 ans à venir… Austérité budgétaire oblige, l’Uncam avait présenté au début des négociations un projet dont les termes remettaient économiquement en cause la collaboration de la profession. Soucieuses de conserver une clientèle indispensable à l’économie de proximité de nombreuses entreprises indépendantes de taxi, les organisations professionnelles ont, pendant plusieurs mois, tenté d’en faire bouger les lignes. Malgré les arguments présentés par les organisations et leur réflexion commune, aucun accord ne semble avoir émergé. Le protocole sera-t-il signé ce début de semaine ? Le suspense reste entier. En cas d’échec, les discussions au niveau local entre taxis et CPAM pourraient certes s’engager, mais sans le garde-fou d’un cadrage national.
Midi à sa porte
Pendant que le projet de protocole Uncam continue d’agiter les esprits, l’article 80 de la loi de financement de la sécurité sociale est entré en vigueur depuis le 1er octobre dernier. Déjà, les ambulanciers lyonnais ont organisé une opération escargot afin de dénoncer l’obligation pour les exploitants indépendants de rejoindre un groupement pour accéder au marché, ainsi que les tarifs imposés par le transfert, de l’Assurance maladie aux hôpitaux, de l’enveloppe budgétaire allouée au transport des patients. Hormis dans les départements pilotes qui ont déjà pu expérimenter l’organisation des plates-formes de transport de malades, cette mise en œuvre semble débuter dans la confusion générale. Sans doute en raison de ces nombreuses disparités, la mobilisation des taxis est très hétérogène. Beaucoup attendent de voir mais certains s’inquiètent des dispositions que pourront prendre les hôpitaux en cas d’appel d’offres infructueux… Une prochaine aubaine pour les grands groupes de transport ?

Pendant que les derniers articles de la loi Grandguillaume
restent embouteillés, la voiture autonome avance toute seule !
Réglementation pour tous !
Si la concurrence s’exacerbe dans de nombreux territoires – transporteurs clandestins, confrères indélicats qui maraudent hors de leur zone de prise en charge –, en Guadeloupe, c’est entre les taxis et la préfecture que le torchon brûle. En conflit avec le Grand Port Maritime (GPMG) depuis près d’un an, les taxis ont dû se résoudre à manifester. Provoquant d’importants embouteillages, l’intersyndicale des taxis a bloqué les axes routiers afin de faire appliquer la réglementation du secteur. Ils dénoncent la création d’une zone d’attente sans réservation pour les VTC et véhicules occasionnels qui convoitent la prise en charge des croisiéristes en escale. Une situation annoncée pour être « transitoire » qui perdure depuis de longs mois. Cette intersyndicale des taxis de Guadeloupe, qui avait déjà déposé plainte contre le GPMG en novembre 2017 pour « complicité d’exercice illégal de taxi », vient de porter plainte pour « usage de faux »… contre le sous-préfet !
Pacte à part
Si les dispositions de la LOM, loi d’orientation sur les mobilités, relatives au transport public particulier de personnes et qui impliquent taxis, VTC ainsi que transporteurs de personnes à vélo restent en attente de l’arbitrage du Premier ministre, la loi Pacte, adoptée ce mardi 9 octobre à l’Assemblée nationale, permet aux promoteurs des voitures autonomes d’avancer leurs pions sur l’échiquier de la mobilité. Multipliant les expérimentations et les opérations de communication afin de motiver les investissements financiers, ils pourront désormais se voir délivrer par les autorités une autorisation de circulation sur la voie publique et emprunter les voies réservées aux transports collectifs afin de tester la mise en place de service de transport de personnes. Même si, en l’absence de conducteur à bord, un « conducteur » situé à l’extérieur devra être capable à tout moment de reprendre le contrôle du véhicule, la création de cette autorisation de circuler présage de nombreux encombrements…
HM