Si les taxis parisiens et ceux d’agglomération monopolisent généralement l’actualité de la profession, c’est au tour des taxis ruraux d’être au cœur d’une nouvelle polémique. Alors que le ministère des Transports et la future loi d’orientation sur les mobilités (LOM) prévoient l’autorisation de « transporteur amateur » en milieu rural, les négociations entre les organisations professionnelles et les représentants de l’Assurance maladie patinent. Mobilisés pour la survie de leurs entreprises, les taxis participent aux nombreuses réunions préparatoires et tentent de combattre de nouveaux préjugés sur le métier.

En plus du service des taxis, il existe déjà en ruralité de nombreux acteurs tels que les Loti, les VTC ainsi que les associations d’aide à la personne.
Amateurs, toujours pas peur !
Malgré les dérives constatées du transport amateur en agglomération et les résultats des procédures judiciaires impliquant leurs plates-formes numériques, la prochaine loi d’orientation sur les mobilités prévoit d’autoriser le transport de personnes à titre onéreux par des conducteurs non professionnels dans l’objectif de développer de nouvelles solutions de mobilité en territoire rural. Cherchant ainsi à pallier le déficit de l’offre de transport public, le ministère s’est – bien évidemment –, vu opposer un refus unanime de la profession, et pour cause ! Outre les taxis avec lesquels des solutions innovantes – « fins de ligne », services de transports à la demande – sont déjà développées avec de trop rares collectivités, il existe déjà dans ces territoires de nombreux acteurs tels que les Loti, les VTC ainsi que les associations d’aide à la personne. Malgré tout, les organisations professionnelles taxi ont entendu le souhait du gouvernement de développer les solutions de mobilité dans les zones peu denses et ont évoqué d’autres possibilités telles que les chèques mobilité, afin d’éviter la création d’une nouvelle concurrence déloyale. Prochaine réunion au ministère des Transports le 17 juillet prochain. « On ne peut pas dire que l’on ne nous a pas écoutés mais ce sont les décrets qui détermineront la réalité de la mesure », confie un représentant taxi. « Soit c’est un effet d’annonce, soit cela risque d’être un sacré bazar… »
Transport de malades dans l’impasse ?
« En ruralité, il n’y a pas de clientèle solvable pour le taxi hors les donneurs d’ordre institutionnels. C’est le même phénomène pour les personnels de maison pour lesquels l’aide à la personne est indispensable mais dont le financement ne peut pas être assumé par les concitoyens », rappelle un participant aux négociations. Activité essentielle pour la viabilité des entreprises de taxi en milieu rural, les transports conventionnés par l’Assurance maladie font eux aussi l’objet d’âpres discussions entre l’UNCAM, Union nationale des caisses d’assurance maladie, et les organisations professionnelles taxi. À l’approche de la date anniversaire de la convention nationale – qui cadre les modalités de prise en charge des malades par les taxis – et dans l’attente de la prochaine réunion le 18 juillet prochain, les négociations semblent mal engagées. Les conditions de remises exigées par l’Union ne tiennent pas compte de la spécificité de l’industrie du taxi et illustrent déjà le fossé entre les interlocuteurs.

« Nous ne faisons que répondre à la commande de médecins car ce type transport s’effectue uniquement sur prescription médicale ! » témoigne un chauffeur révolté du procès d’intention fait à la profession.
Taxi social
Si l’idée de « taxi amateur dans les campagnes » a fait le buzz dans les médias, il a fait remonter de nombreuses idées fausses sur l’activité taxi en ruralité, qui méprisent les besoins des populations locales et nient la réalité des entreprises de transport de proximité de ces territoires. « Nous ne faisons que répondre à la commande de médecins car ce type transport s’effectue uniquement sur prescription médicale ! » témoigne un chauffeur révolté du procès d’intention fait à la profession. N’oublions pas toutefois que ces chauffeurs représentent souvent beaucoup plus de que simples prestataires pour les patients qu’ils transportent : « J’ai décidé d’arrêter le transport conventionné. Tu sympathises au fil du traitement avec des gens qui s’éteignent petit à petit. Après le quatrième enterrement, j’ai préféré dire stop. Alors aujourd’hui, je transporte des enfants handicapés pour une institution locale car, en les accompagnant quotidiennement, je peux apporter ma petite pierre à l’édifice », nous confiait récemment l’un de nos lecteurs.
HM.