Liberté à 80 km/h

Naguère symbole d’émancipation, l’automobile – et son conducteur – sont aujourd’hui la cible de nombreuses attaques : normes de plus en plus contraignantes, entretien et taxes obligatoires, cherté des carburants… et, depuis ce dimanche 1er juillet, abaissement de la vitesse de circulation à 80 km/h sur les routes secondaires, à double sens, démunies d’un terre-plein central. Une décision appliquée avec détermination par le gouvernement dont les messages d’intérêt général résonnent comme une dernière sommation avant P.-V.
« La voiture est l’accès à une pleine citoyenneté et le permis de conduire en est l’outil essentiel. Je me souviens d’ailleurs que le moment du permis de conduire a été un très grand moment de ma vie, c’était ce fantasme que le monde m’était ouvert, puisque désormais j’avais une voiture et que rien ne ferait obstacle à mon cheminement, à mon désir de liberté », confiait l’anthropologue David Le Breton, né en 1953. Si le XXe siècle a été celui du tout automobile, le XXIe a renversé la vapeur. Accessoire indispensable de nombreux foyers français et européens, la voiture est désormais pointée du doigt. Tributaires de leur véhicule, de nombreux automobilistes subissent leur mobilité. Dans la crainte des radars et la menace du retrait de permis, ils sont entravés dans les embouteillages, en liberté surveillée.
Décision émancipatrice portée par le prince héritier Mohammed ben Salmane, les Saoudiennes viennent de voir lever leur interdiction de conduire. Principal obstacle à leur activité professionnelle, cette décision « entend porter à 30 % la part de la main-d’œuvre féminine dans la force générale de travail d’ici 2030 », informe l’AFP. Autoriser les Saoudiennes à conduire devrait également permettre aux 32 millions d’habitants d’Arabie saoudite d’économiser le salaire des 1,38 million de chauffeurs privés étrangers – estimé à 6,7 milliards de dollars annuels – qui les accompagnaient jusqu’à présent ainsi que créer des emplois, de stimuler les ventes de voitures et renforcer le secteur de l’assurance, prévoient les analystes spécialisés.
A croire que l’économie vole au secours des libertés…

Hélène Manceron

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