Le blocage des raffineries et des dépôts de carburant organisé par la FNSEA et les Jeunes Agriculteurs a pris fin ce mercredi. Dénonçant la concurrence déloyale des importations d’huile de palme vis-à-vis de la filière française de biodiesels établie principalement à partir de colza et de tournesol, les manifestants contestent l’autorisation donnée au groupe pétrolier Total d’importer jusqu’à 300 000 tonnes par an d’huile de palme d’Asie du Sud-Est pour alimenter sa raffinerie d’agrocarburants des Bouches-du-Rhône. Après une nuit blanche de négociation, ils semblent avoir obtenu gain de cause… pour l’instant. Ils auront au moins alerté l’opinion publique sur l’ampleur de la tache (d’huile !) de ce composant dont la présence dans nos assiettes et nos cosmétiques inquiète déjà de nombreux consommateurs, attentifs aux ravages écologiques et sociaux qu’il provoque. En Europe, 46 % de sa production est désormais destinée au secteur des transports et la tendance ne fait que s’accélérer depuis le début des années 2000. En Malaisie, Thaïlande, Indonésie, Colombie et Nigéria, la culture intensive des palmiers à huile est responsable de 40 % de la déforestation des zones tropicales. Si le Parlement européen a voté pour « l’élimination progressive » de l’usage de l’huile de palme sur le territoire de l’Union d’ici à 2021, elle reste l’enjeu d’un lobbying commercial agressif en raison de son potentiel économique qui suscite l’enthousiasme des milieux industriels.
Alors est-ce véritablement une énergie verte à promouvoir pour lutter contre le changement climatique ou juste un nouveau bio-business, facteur redoutable de déforestation qui favorise l’émission accrue de gaz à effet de serre ? Tout dépend de quel côté de la baratte à margarine on se trouve…
Hélène Manceron