Taxi parisien depuis plus de 30 ans, Jules Franklin Robine est l’un des témoins privilégiés de la modernisation de la profession de taxi et de l’évolution du transport public particulier de personnes. Fondateur du Syndicat de Défense des Conducteurs du Taxi Parisien, il contribue à la nouvelle gouvernance du secteur en Île-de-France. Soulignant les avantages de la nouvelle situation, il invite les taxis parisiens à se mobiliser pour leur métier.

Jules Franklin Robine, fondateur du SDCTP
Innovation ou éternel recommencement ?
L’innovation technologique a toujours été un facteur de développement pour notre activité. Je me souviens des premiers projets de téléphonie mobile au service du taxi parisien. Avant les années 2000, c’était le Bi-Bop qui promettait la révolution mais son développement s’est noyé dans des budgets pharaoniques et la folie des grandeurs ! Lorsque nous avons créé le SDCTP en 1998, notre syndicat avait pour objectif de participer aux élections organisées par la Préfecture de police de Paris afin de représenter les chauffeurs non titulaires d’ADS. La loi de 1995 fut celle de l’exploitant taxi. Avant elle, l’artisan était un chef d’entreprise de seconde catégorie car il ne pouvait notamment pas embaucher. Par ailleurs, la précarité du chauffeur locataire était intolérable. La surenchère entre prix de la location et prix de cession a participé à l’envolée de la valeur des licences du taxi parisien. Le fractionnement des intérêts des taxis entre ceux des loueurs, des artisans et les locataires a freiné le potentiel d’ascenseur social et la solidarité entre les générations qu’offre le métier de taxi.
La situation s’est-elle assainie ?
Certaines sociétés de location jouaient au chat et à la souris afin de profiter de leur rôle de collecteur de charges sociales. Elles déclaraient à l’administration des chauffeurs rémunérés au maximum au SMIC tout en demandant à leurs salariés de payer une « redevance sociale » afin de ne pas supporter la contribution sociale. Cette pratique a disparu depuis la mise en place de la location-gérance du 1er octobre 2014. Il n’en reste pas moins que le transport public particulier de personne n’est pas une activité conçue pour que le chauffeur soit salarié mais indépendant. Avec l’auto-entreprenariat, les plates-formes de VTC ont fait un raccourci. Elles jouent sur une précarité dont le métier de taxi s’est affranchi. Pour son avenir, il est nécessaire que la profession de taxi dispose de bases saines et notre coopérative solidaire de gestion du taxi – CSGT – nous permet de proposer des services à des tarifs défiant toute concurrence afin de respecter l’équilibre de l’activité.
Quels sont les défis à relever ?
S’il n’y avait pas eu d’injustice, je ne serai pas devenu syndicaliste. Membre du collège représentant les professionnels dans la nouvelle commission T3P d’Ile-de-France, le SDCTP justifie de plus de 1000 adhérents. Néanmoins, force est de constater que la profession est désorganisée. Face à des plates-formes VTC expertes en communication, même la préfecture de police est limitée dans ses actions. À regrouper nos forces, nous gagnerons en efficacité. Nous ne sommes plus dans la défense des statuts de chacun car la crise a nivelé les écarts. Beaucoup de VTC sont d’anciens taxis ou deviendront artisans taxi. Il faut continuer à développer la formation des chauffeurs et encourager les initiatives améliorant la qualité de service car les attentes de la clientèle ont évolué. Il y a des améliorations, c’est certain, mais la reprise reste timide. Les chauffeurs bénéficiant d’un confort de travail minimum pourront s’investir pleinement dans leur métier.
Propos recueillis par HM
Plus d’info – Lien vers page Facebook