Déclaration fiscale préremplie, carte grise et service de paie par Internet… La dématérialisation entamée par l’administration française accumule les couacs. Victimes, depuis plusieurs mois, d’un bogue géant, les heureux propriétaires d’un nouveau véhicule maudissent la plate-forme numérique qui devait simplifier leur vie et désengorger les préfectures. Mi-mars, 300 000 cartes grises restent en attente de délivrance et les concessionnaires accumulent les retards d’immatriculation, malgré les promesses du ministère de l’Intérieur qui jure que le retard devrait être rapidement comblé. Beaucoup plus dramatiques, les dysfonctionnements du logiciel Louvois utilisé depuis 2011 par le ministère de la Défense pour gérer les salaires des soldats français et qui laisseront de lourdes conséquences dans de nombreuses familles de militaires. « Un jour, ma solde n’a plus été calculée. Conséquence, ma mutuelle m’a radié, et je ne l’ai jamais su, sauf le jour où j’ai dû aller aux urgences. Là on m’a dit : ‘‘Mais Monsieur, vous n’avez plus de mutuelle’’ », témoigne un officier de l’armée de terre, toujours en activité mais criblé de dettes. Pas plus folichons les 545 millions d’euros de trop-perçu dont ont bénéficié certains et qui sont déjà en recouvrement. La Défense jure ses grands dieux qu’un nouveau système est déjà en route et devrait être opérationnel… d’ici 2020 ! Quant à l’administration fiscale, elle vient également d’être victime d’une fausse route numérique, ainsi que près de 500 000 contribuables français. À la mi-avril, une bonne partie des déclarations de revenus pour l’année 2017 désormais préremplies auraient été sous-évaluées. Si un correctif a pu être apporté sur les déclarations en ligne, ceux qui enverront leur déclaration papier sans éplucher soigneusement les informations qui y figurent risqueront de se voir redressés…
Vive le tout-numérique !
Hélène Manceron
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