« J’ai fait ce métier par nécessité », avoue Salahdin Dahaoui, président du Collectif des taxis parisiens, « mais au bout du compte, il m’a offert une carrière et l’opportunité de me cultiver ! » Une des organisations professionnelles initiatrices* de l’opération des Gilets Bleus à l’aéroport de Paris-Charles de Gaulle, le Collectif poursuit sa lutte contre la concurrence déloyale des conducteurs illégaux. Non retenu pour participer au collège représentant les taxis dans la nouvelle commission locale T3P, le CTP réaffirme la nécessité de mobilisation de la profession et sa volonté de contribuer à l’évolution du métier.

Salahdin Dahaoui, président du collectif des taxis parisiens.
Tous pirates ?
« Nous dénonçons le manque de volonté politique dans le traitement du racolage aux aéroports », se révolte Salahdin Dahaoui. « En 2014, la permanence des Gilets Bleus à l’aéroport de Roissy – qui regroupait 9 organisations professionnelles des taxis parisiens – avait très bien fonctionné et ses effets flagrants pour tout le monde : sécurité et service pour les clients et baisse immédiate de l’attente pour les taxis. Aujourd’hui, nous sommes face à un manque d’effectifs de Boers. La justice n’est pas appliquée, les condamnations sont souvent assorties de sursis, avec des peines peu dissuasives sans saisie du véhicule. Comment ADP peut-il tolérer des transports de groupe composé d’un seul passager ou des taxis qui pensent qu’il suffit de bâcher le lumineux et masquer le compteur pour se déguiser en VTC ? Soit les règles sont respectées, soit la piraterie est autorisée et alors, devenons tous pirates ! »
Confiance dans le métier
« Malgré un démarchage agressif des taxis et des primes de parrainage alléchantes, la rentabilité de la collaboration avec Uber reste médiocre. En supplément de la commission perçue par la plate-forme, le chauffeur doit faire une croix sur la récupération des 10% de TVA. Quant aux VTC, ils revendiquent un tarif minimum alors que ce sont des entreprises privées libres de leurs tarifs ! Les nôtres sont déterminés par le ministère des Finances et servent d’indicateurs économiques de référence. Les taxis doivent être acteurs de leur métier. En début d’année, nous nous sommes constitués partie civile contre Heetch et Uber après avoir coordonné l’intervention d’huissiers afin d’établir les preuves de travail dissimulé, de maraude électronique et de comportements illégaux. Le 26 octobre dernier, nous avons assigné Uber et son faux nez, la société Hinter, devant le tribunal de commerce pour dévoiement des obligations de transporteur public routier de personnes. Les limites du système Uber s’affichent désormais et ma confiance dans notre métier ne faiblit pas. »
Vers une coopération structurée
« Notre candidature n’a pas été retenue par le préfet pour participer au collège représentant les taxis au sein de la commission locale du T3P pour l’Île-de-France. Soit. Permettez-moi quand même de m’étonner de la représentativité prétendue des centrales syndicales interprofessionnelles de salariés, un statut qui ne représente que près de 6 % des taxis parisiens. Nous attendons avec impatience la publication des informations obligatoires qui permettront de pouvoir évaluer leur implication dans la profession de taxi. En dépit de cette mise à l’écart, nous continuons le travail avec d’autres organisations professionnelles afin de regrouper nos forces et d’évaluer les formes de mobilisation possibles. Il nous reste à prouver que nous sommes une voix. Comme dans le communautarisme, les différents statuts d’exercice de l’activité taxi sont un frein à la solidarité entre chauffeurs. La situation idéale serait que la profession soit homogène et prospère dans une coopération structurée… Un rêve ! »
Propos recueillis par HM
Plus d’info : CTP – Accès au site
*Modifié le 24/12/17.