Alors que le conflit entre plates-formes disruptives, chauffeurs VTC précarisés et taxis réglementés menace le secteur d’une nouvelle crise, le piratage des données de l’application Uber fait scandale.
« Rien de cela n’aurait dû arriver, et je ne trouverai aucune excuse. » En avouant, le 21 novembre dernier, le piratage massif des données détenues par Uber – 57 millions d’utilisateurs à travers le monde –, Dara Khosrowshahi, son nouveau patron, a juste oublié d’ajouter qu’il avait jusque-là tout fait pour le dissimuler. Victime d’une attaque de cybercriminels en 2016, Uber a préféré étouffer l’affaire pendant un an en payant une rançon de 100 000 dollars pour obtenir le silence de ses auteurs. Aujourd’hui, la multinationale tente de convaincre les consommateurs en assurant qu’aucune coordonnée bancaire n’a été piratée, un argument peu probable de l’avis des experts en cybersécurité que confirment sur les réseaux sociaux de nombreuses victimes. Les témoignages révèlent des courses prélevées dans de multiples pays pour des montants exorbitants qui restent à la charge des abonnés. Dans l’attente du règlement européen sur la protection des données prévu pour mai 2018 qui obligera les entreprises qui gèrent des données à caractère personnel rattachées à des citoyens de l’Union européenne de communiquer leurs failles de sécurité sous 72 heures sous peine d’une sanction pécuniaire pouvant atteindre 4 % de leur chiffre d’affaires annuel, les « CNIL » européennes se sont réunies. Les autorités de protection des données néerlandaises, italiennes, espagnoles, françaises, allemandes, britanniques et belges ont décidé de coordonner leur travail d’enquête. Mais alors que débute leur investigation, la multinationale a déclaré n’avoir aucune information sur le nombre d’utilisateurs concernés en Europe. De son côté, Airbnb, la célèbre plate-forme de location d’appartements, soumise à de nouvelle obligations fiscales, propose une carte de crédit rechargeable, émise depuis Gibraltar et permettant d’échapper au fisc ! La piraterie serait-elle désormais accessible à tous grâce au numérique ?
Hélène Manceron
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