Pris à partie pour accorder un report de la période transitoire pour l’application de la loi Grandguillaume, le gouvernement multiplie les déclarations afin que le secteur du T3P, transport public particulier de personnes, ne s’enflamme à nouveau. Subissant le lobbying des plates-formes VTCistes, de leurs conducteurs dits Loti, face à la mobilisation des chauffeurs de VTC et à des taxis au bord de la révolte, Élisabeth Borne, ministre des Transports, a invité l’ensemble des acteurs à se réunir prochainement.

Le dévoiement de la réglementation dite Loti a permis aux plates-formes
disruptives de développer leurs flottes sans professionnaliser leurs chauffeurs.
Éteindre l’incendie
Le 16 novembre dernier, histoire de calmer le jeu, Élisabeth Borne, a réaffirmé l’application de la loi Grandguillaume, l’intensification des contrôles pour garantir le respect des règles ainsi que l’accompagnement dans leur reconversion professionnelle ou la formation VTC les chauffeurs Loti « qui ne seront pas devenus VTC dans le cadre de la transition Grandguillaume ». À l’Assemblée nationale, le ministre de la Transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot, a souligné que « la fin du régime Loti dans les zones urbaines au 29 décembre de cette année est également une avancée importante pour trouver un équilibre entre les professions en précisant bien ce qui relève du transport collectif et du transport individuel. La situation va être ainsi clarifiée. […] Afin de tenir compte des délais, des mesures adaptées sont prises pour que la date du 29 décembre ne soit pas un couperet pour ceux qui remplissent les conditions réglementaires. Les chauffeurs devront toutefois avoir engagé les mesures nécessaires d’ici la fin de l’année. »
Cheval de Troie
Réclamant la prolongation de la période transitoire, les plates-formes disruptives, FFTPR en tête, accusent les pouvoirs publics de mettre « des obstacles » à l’emploi dans le secteur. Elles dénoncent l’examen mis en place par la nouvelle réglementation et refusent de s’engager dans la formation et la professionnalisation de leurs chauffeurs affiliés, en passant sous silence les conditions de travail qu’elles leur imposent. De fait, le 24 novembre dernier, à Paris, des chauffeurs de VTC n’ont pas hésité à dénoncer la précarité de leur activité et revendiquer l’obtention d’un tarif minimum réglementé ainsi que l’accès à des stations sur la voie publique et aux voies de bus.

Malgré les polémiques des plates-formes disruptives et les revendications des chauffeurs de VTC, les taxis restent loyaux et misent sur la reconquête de leur clientèle.
Calendrier de l’avent
« Si les VTC bénéficient d’un tarif réglementé, cela les assimilerait à notre métier ce qui spolierait les taxis qui ont investi dans la profession. Nous n’hésiterons pas à exiger notre indemnisation », prévient Didier Hogrel, président de la Fédération nationale du taxi. « Malgré le discours tenu, il n’y a pas de volonté politique de pacifier le secteur. À nouveau, un taxi a été hospitalisé suite à une l’altercation avec un des racoleurs qui sévissent aux aéroports». Alors qu’est programmée une manifestation de chauffeurs de VTC le 22 décembre prochain, la ministre des Transports a convié les acteurs du secteur à se réunir le 8 décembre et déclaré dans les médias son souhait de développer la responsabilité des plates-formes et de contrôler le temps de travail des transporteurs dont les abus multiplient les accidents sur la voie publique. Quant à l’administration fiscale, usant de ses nouvelles prérogatives réglementaires, elle a semble-t-il engagé une vague de contrôles… sur les activités taxis et VTC ! Nagerait-on en pleine schizophrénie ?
HM