En France, l’état d’urgence a fait place à une loi antiterroriste qui entérine certaines de ses mesures d’exception. Certains sites de fréquentation majeure, tels que les gares et les aéroports, font l’objet d’une attention particulière des pouvoirs publics, d’autant plus dans la perspective de l’accueil des jeux Olympiques en 2024. Pourtant, malgré les gros efforts d’Aéroports de Paris en matière d’accueil et le travail des forces de police, les alertes communiquées par les taxis, l’insécurité vous surprend…
« Rendez-vous professionnel à l’aéroport d’Orly. Mon taxi me dépose au terminal Ouest au niveau des départs. Il est 11 h. Un peu en retard, je règle mon forfait aéroport avec le terminal de paiement tout neuf du chauffeur et me retrouve baignée de soleil sur le trottoir de la plate-forme qui accueille plusieurs dizaines de milliers de passagers chaque jour. J’appelle mon contact qui m’invite à venir le retrouver aux arrivées. J’entre dans la galerie commerciale, la foule est fluide, les passagers se croisent tranquillement, concentrés sur leur voyage et, alors que la pression sécuritaire pèse sur le pays, je croise le regard bienveillant d’une policière en surveillance. Pour descendre aux arrivées, j’emprunte un ascenseur – toujours un défi pour les narines – et là, agréable surprise : l’équipement est propre, spacieux et les consignes d’accès lisibles sans effort. L’ascenseur s’arrête en douceur, les portes s’ouvrent… Mon geste de recul est simultané au mouvement de la masse humaine qui a fait un pas vers moi. Agglutinés en arc de cercle aux portes des ascenseurs, une multitude d’hommes plutôt jeunes m’interpellent et me regardent avec convoitise. Mon mètre quatre-vingt-un se retrouve étouffé par les carrures et, apercevant face à moi une issue vers l’extérieur, je serre mon sac en bouclier et décide de fendre la foule, sourde aux invectives. Une élégante touriste étrangère, munie de valise à roulettes et le portable collé à l’oreille, m’emboîte le pas. Passées les portes vitrées, nous ne nous sommes toujours pas au bout de nos peines. À nouveau, un barrage compact de racoleurs nous bloque. « Taxi ! Taxi ! Tu vas où Madame ! Paris, viens, viens… ». Enserrée, ne parvenant pas à avancer sur le trottoir, j’enjambe le muret de béton et me réfugie auprès d’un groupe d’hommes vêtus de gilets orange siglés « Taxis info banlieue ». Ils m’accueillent comme une rescapée.
Arrive alors l’élégante étrangère qui, avec ses talons hauts, sa jolie valise et le téléphone toujours calé au creux du cou, a mis plus de temps pour se dégager. Elle aussi a quand même réussi à s’en sortir en se réfugiant sur la route mais elle est coincée entre deux malabars qui persistent à vouloir l’emmener avec eux. Arrivée à ma hauteur, elle se rebelle contre ses agresseurs et leur intime de la laisser tranquille. Face à sa réaction, les deux racoleurs jouent de leur physique, lui balancent des insultes sexuelles et la menacent avant de finir par s’éloigner tranquillement. Nos regards se croisent, nous sommes pétrifiées par la violence de leur riposte. Elle reprend son téléphone à l’oreille et je la regarde partir vers la gauche.
À peine ai-je retourné la tête qu’un second passager avance sur la route, encadré par deux autres racoleurs. C’est un jeune cadre avec valisette et sacoche. Il fait front aux deux hommes qui le saluent sans barguigner d’un simple « connard »… »
Hélène M.

Malgré les alertes des taxis, le racolage s’est industrialisé à l’aéroport d’Orly.