Le gouvernement leur avait accordé une période de transition pour s’adapter aux dispositions de la loi Grandguillaume, notamment cesser de bafouer le statut de TPRP, dit « capacitaire Loti », destiné au transport collectif à la demande, pour effectuer du transport individuel. Sentant la fin proche, les plates-formes numériques de transport risquent aujourd’hui leur va-tout pour ne pas voir s’écrouler le business. Alors que les transporteurs loyaux réclament l’application ferme de la loi, la tension monte sur la voie publique en proie aux racoleurs et les confrontations avec les taxis se multiplient de Toulouse à Paris en passant par les Antilles.

Le TPRP a été dévoyé par les applications pour contourner la professionnalisation des VTC.
Bouquet final ?
Renouvelant leur chantage à l’emploi, les plates-formes numériques de transport ont tenté, par voie de presse, de forcer la main des pouvoirs publics afin d’obtenir un sursis à l’application de la loi Grandguillaume. La ficelle est grosse mais, comme dirait l’autre, sur un malentendu… L’administration a beau avoir mis les bouchées doubles afin de faciliter le recrutement de nouveaux conducteurs par les plates-formes en multipliant les sessions d’examen et en apportant la collaboration dédiée des services de Pôle emploi et de ceux de l’Adie, son partenaire spécialisé dans le microcrédit, la FFTPR – Fédération française du transport de personnes sur réservation – accuse le ministère des Transports de « créer des obstacles aux chauffeurs qui souhaitent devenir VTC » ! Face à cette nouvelle crise de mauvaise foi, la ministre des Transports, Élisabeth Borne a assuré que le gouvernement allait faire preuve de « pragmatisme ».

Les syndicats de conducteurs VTC dénoncent les manœuvres des applications numériques de transport.
Conducteurs aux abois
« Nous vous demandons de ne pas reculer d’un iota face à la pression de la FFTPR, ni aux plates-formes qui ne représentent nullement les intérêts des chauffeurs VTC », adressait FO-Capa VTC en soutien à la ministre. Le représentant du SCP VTC – syndicat des chauffeurs privés VTC – dénonce quant à lui les fausses rumeurs de dérogations et met en garde les conducteurs tentés de profiter du trafic de fausses cartes qui fleurissent malgré les efforts des autorités. Certains continuent de jongler entre leurs affiliations afin de spéculer sur les majorations dans l’objectif de ne servir que les courses les plus juteuses tandis que les moins rapaces, épuisés par les cadences infernales imposées par les applications, multiplient les accidents dans les rues de la capitale.
Au bord de la rupture
Alors que les taxis de Guadeloupe peinent à faire appliquer les dispositions réglementaires en matière de réservation préalable au port de Pointe-à-Pitre, les taxis de métropole se confrontent aux pratiques illégales de transporteurs et de multiples altercations éclatent. À Toulouse, ulcérés par l’inefficacité de leurs alertes répétées auprès des autorités locales et en dépit de la récente condamnation par le tribunal de Toulouse d’un individu coupable de voies de fait sur 4 chauffeurs, les taxis de la Ville rose n’en peuvent plus et menacent de s’organiser pour contrer les réseaux de racoleurs et de rabatteurs qui sévissent sur les sites de prise en charge. Comme pour les taxis d’Orly et leurs collègues parisiens et malgré leur sang-froid, la révolte gronde et des dérives sont à craindre.