« L’interface Uber rassurera le voyageur dans une ville aux services de taxi inconnus, comme le touriste aura recours à son habituel Google Maps pour se repérer dans ses promenades, alors que l’automobiliste privilégiera Waze à des offres locales de calcul d’itinéraires. » Dans son rapport « La Plateforme d’une ville », la CNIL, Commission nationale de l’informatique et des libertés, souligne l’emprise du pouvoir des acteurs numériques sur les villes. « Hormis la question de la captation des données personnelles se pose celle de la perte de contrôle de l’acteur public sur l’aménagement de l’espace public, sur la gestion des flux, et au-delà sur la notion même de service public et d’intérêt général. La somme des intérêts individuels des clients d’un Waze peut parfois entrer en contradiction avec les politiques publiques portées par une collectivité. »
Bel exemple de ce conflit d’intérêt, la ville de Fremont, en Californie : pour éviter les grands axes surchargés, une application de navigation envoyait ses abonnés traverser la zone résidentielle de cette cité de la Silicon Valley dont les rues pavillonnaires se retrouvaient embouteillées par les salariés d’eBay, Intel et Cisco Systems. Quant les autorités municipales ont tenté de coordonner l’activité de l’application avec la politique de déplacement de la ville, elles se sont vu répondre par l’acteur numérique qu’il était là pour « prévenir la congestion de la circulation ainsi que redistribuer le trafic et non pas pour s’occuper de la quiétude des riverains » ! Devant cette fin de non-recevoir, les pouvoirs publics ont dû recourir à la fermeture de voies aux heures de pointe. Beaux joueurs néanmoins, elles ont installé des panneaux de signalisation affichant « Ne croyez pas votre application » pour prévenir les automobilistes que leur GPS les envoyait dans une impasse…

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CNIL – Rapport

Hélène Manceron