Uber menacé d’expulsion au Québec, interdit d’exercice à Londres… Tandis que se multiplient les rappels à l’ordre, ses homologues hexagonaux et les chauffeurs ubérisés entament le dernier trimestre de période transitoire accordée par le gouvernement afin de se mettre en conformité avec la nouvelle réglementation du secteur. De leur côté, les taxis poursuivent leur modernisation et leur montée en gamme.
Syndicats en alerte
« Bon nombre de taxis vont dans les gares et les aéroports la boule au ventre de peur de perdre le contrôle face à ces personnes qui en plus de voler sournoisement leur travail (…) [le font] ouvertement en stationnant librement tout en racolant leur clientèle jusque dans les files d’attente des stations de taxi aux heures de pointe. » Dénonçant le mal-être de nombreux chauffeurs de taxis parisiens, l’association Elite Taxi France a adressé un courrier à la ministre des Transports l’invitant à découvrir la réalité du terrain à bord du taxi d’un de ses adhérents. Quant à la CGT, elle a adressé à la direction estonienne de Taxify un courrier lui rappelant la stricte réglementation de l’activité taxi en France et l’invitant à ne pas user du terme taxi pour sa communication. Loin de n’être qu’une énième plate-forme de transport, l’application numérique, qui se vante d’être « le rival d’Uber moins cher qu’Uber », est en réalité soutenue par le mastodonte financier chinois Didi qui a déjà fait mordre la poussière à Uber en Chine.

Impatients de voir s’achever la période transitoire de la loi Grandguillaume, les taxis dénoncent la maraude des conducteurs non autorisés ainsi que la complicité des plates-formes disruptives.
Travail de fond
La FNDT, Fédération nationale du taxi, a demandé au ministère de l’Intérieur que les contrôles et sanctions des agissements illégaux soient étendus aux « plates-formes qui incitent et encouragent les conducteurs non autorisés à faire du transport de personnes ». « Il faudrait aussi définir une fois pour toutes les règles du système de réservation préalable et celles du principe de réservation immédiate, car là aussi, il est aisé de constater que les chauffeurs de VTC se positionnent constamment sur la réservation immédiate alors qu’ils doivent selon les règles, retourner au siège de leurs entreprises après chaque transport. » Enfin, la FNDT a alerté le ministère sur les risques de dérives engendrés par la suppression des commissions de transfert des autorisations de stationnement de taxi. « Nous demandons que l’information sur les transferts à titre onéreux fasse l’objet d’une publication auprès des organisations professionnelles représentatives au moins 15 jours avant la date de cession, afin de vérifier que tous les éléments sont bien réunis pour autoriser les transactions. »
« Premiumisation »
Au Royaume-Uni, l’Autorité des transports londoniens a suspendu la licence d’exploitation d’Uber dans la capitale britannique. En France, face à la volonté du ministère des Transports de respecter les échéances de mise en œuvre de la nouvelle réglementation, les taxis répondent par un renouvellement des qualités de leur service. À Bordeaux, taxis et autorités organisatrices de transports promeuvent une Charte de bonne conduite pour informer les usagers. À Paris, le groupe Rousselet a annoncé la fusion de ses marques G7 et Taxis Bleus. Choisissant de différencier son offre par une montée en gamme, la plate-forme de réservation taxi développe un service Club Premium de luxe et a investi dans une campagne de communication encore inédite. Jusqu’au 4 octobre, les 6 grandes gares parisiennes accueillent, en effet, la première grande campagne d’affichage de la marque.
HM