Créée en 1992, l’association historique du taxi parisien Taxiran regroupe des chauffeurs iraniens, soit plus d’une centaine de membres et autant de sympathisants. Face à la concurrence déloyale des conducteurs illégaux et de leurs plates-formes numériques, les représentants de Taxiran ont décidé de sortir de leur traditionnelle réserve. Désireux de faire valoir la qualité du service taxi, ils invitent la profession à se structurer et attendent des pouvoirs publics qu’ils fassent respecter à tous les règlements et le partage équitable de l’espace public.

Dans leur Iran natal, ils étaient urbaniste, ingénieur ou psychologue. Ils sont aujourd’hui fiers d’être taxis parisiens.
Le goût de l’indépendance
L’histoire de l’association se mêle avec celle de la diaspora iranienne dans la capitale. Arrivés à Paris, certains il y a plus de trente ans, pour fuir le régime iranien ou poursuivre leur formation universitaire, Rahmat, ingénieur en urbanisme, Davoud, enseignant, et Farshid, psychologue, n’ont pu exercer le métier pour lequel ils étaient formés. « À la différence des USA ou de l’Angleterre où l’embauche se focalise sur les compétences, la majorité d’entre nous a été victime de discrimination. Diplômés mais iraniens, nous avons souffert des amalgames générés par la politique internationale. Le taxi nous a permis de nous reconstruire. Ce qui nous attiré dans ce métier, c’est de pouvoir faire vivre nos familles sans avoir de patron. C’est un métier dur mais si l’on résiste, on est sûr de s’en sortir. Aujourd’hui, l’activité a changé mais le prix de cession des licences est redevenu abordable pour investir. »
Une solidarité volontaire
Rahmat, taxi depuis 1987 et cofondateur de l’association, nous confie : « Pour tenir l’unité de notre association, il y a quelques règles d’or. D’abord, nous ne parlons pas de politique. Au sein de l’association, nous sommes tous amis et en dehors chacun pense ce qu’il veut. Lors de l’adhésion, nous signons une Charte que nous nous engageons à respecter. Nous organisons tous les mois une réunion d’information à laquelle chacun s’astreint à participer et rédigeons en commun une publication. Nous avons mis en place un fonds de solidarité auquel chacun contribue. Taxiran soutient également les familles en cas de décès ou de coup dur. Nous sommes enfin une association très festive et proposons une multitude d’événements culturels et de loisirs qui connaissent un très grand succès. Ensemble, nous profitons d’une solidarité qui nous sécurise. »
Surmonter la crise
Face à la crise générée par la prolifération de la concurrence déloyale, les membres de Taxiran ont serré les rangs. « Pour tenir le coup, nous nous sommes appuyés sur notre solidarité jusqu’à soutenir économiquement les plus en difficulté », explique Davoud. « Les centraux taxis ont fait beaucoup d’efforts pour valoriser la qualité du service taxi auprès des clients. Leurs initiatives bénéficient à l’ensemble de la profession. L’innovation technologique dans laquelle ils ont investi depuis de nombreuses années a permis un gain d’efficacité extraordinaire », souligne Rahmat. Soutenant les efforts entrepris par de nombreux collègues pour reconquérir course après course la préférence de la clientèle, Rahmat, Davoud et Farshid sont révoltés par l’impunité dont semblent jouir les conducteurs qui racolent et maraudent sur la voie publique. De même, ils dénoncent la détérioration des conditions de circulation, l’utilisation des voies réservées par des véhicules non autorisés et le dysfonctionnement généralisé des bornes et des stations de taxis. « Aujourd’hui, nos priorités sont l’application de la réglementation ainsi que le respect de la circulation des taxis sur la voie publique. Nous attendons une application ferme des lois régissant le secteur. »
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