« Quand je regarde Uber […], je pense que c’est l’un des investissements les plus stupides de l’histoire ! » Alors que des cohortes de conducteurs appâtés par le gain promis par leurs plates-formes numériques, Uber en tête, envahissent les spots touristiques et événementiels de la Côte-d’Azur, cette citation n’appartient pas à un taxi mais à Hamish Douglass, directeur du fonds d’investissement Magellan estimé à une quarantaine de milliards de dollars, qui complète son propos par le pronostic d’une « faillite de cette entreprise dans une décennie à 99 % ». « Cette entreprise est en constante perte d’argent et sa stratégie de levée de capitaux est un schéma de Ponzi ! Tout ce qu’ils font, c’est d’augmenter sans cesse les espoirs de rentabilité de façon à ce qu’il y ait toujours quelqu’un qui se dise : Je vais mettre de l’argent, car la prochaine fois qu’ils augmenteront, ce sera à un prix plus élevé. » Quant à Fred Wilson, capital-risqueur américain engagé notamment aux côtés de Twitter et ayant étudié sa participation aux levées de capitaux de l’application numérique de transport, il a déclaré aux médias américains que l’argent d’Uber est « seulement sur papier ». « Personne n’a fait de l’argent en réalité. Tout ce qui s’est passé résulte de la capacité de Travis Kalanick à tout contrôler avec une forte agressivité. » Si les investisseurs de la multinationale semblent fatigués de sa fuite en avant et ses chauffeurs et clients désenchantés, Uber ne devra pas attendre de compassion de la part de Margrethe Vestager. Surnommée « wonderwoman » par les eurodéputés depuis qu’elle avait réussi à imposer à Apple le remboursement de 13 milliards d’euros d’avantages fiscaux illégaux, la commissaire européenne à la Concurrence a déclaré à l’attention de la multinationale : « Vous seriez considérés comme une entreprise comme les autres si vous payiez vos impôts, assuriez vos clients et garantissiez des conditions de travail raisonnables ». À bon entendeur…

Hélène Manceron

Plus d’info – « Chaîne de Ponzi : l’escroquerie indémodable », La Tribune

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