Symbole du transport de luxe, imité par les plates-formes de mise en relation de transport avec un VTC, Chabé est une entreprise de référence dans le transport public particulier de personnes. Impliqué dans le renouveau du secteur, son directeur général Guillaume Connan dénonce néanmoins le manque d’encadrement des temps de conduite des VTC non salariés dont les conséquences en termes de sécurité font déjà sensation sur les réseaux sociaux.

Guillaume Connan, directeur général Chabé.

Racontez-nous l’histoire de Chabé…
Notre entreprise a été créée en 1921 par mon arrière-grand-père qui a proposé ses services de Grand remisier à la clientèle des palaces. En 1929, il a participé à la création des Clefs d’Or, devenues depuis une haute distinction pour les concierges d’hôtels de luxe et de palaces en particulier. À la suite de ma grand-mère puis de ma mère, j’ai pris la direction il y a bientôt 3 ans. Notre objectif est d’offrir la meilleure expérience de transport au monde. Nous considérons chaque déplacement comme un moment intime et précieux où la destinée du client est confiée au chauffeur. Nos prestations nécessitent des qualités très particulières, comme des connaissances touristiques pointues et la maîtrise de plusieurs langues. Chabé emploie 300 chauffeurs en CDI pour environ 300 véhicules, collabore également avec des chauffeurs en CDD et fait appel à des indépendants pour assurer certains pics d’activité. Notre management a pour objectif la satisfaction et la fidélisation de nos chauffeurs. Pour cela, nous investissons dans leur formation et valorisons leurs compétences.
Quelle est votre analyse de la situation ?
Lorsqu’Uber s’est implanté, il a créé une rupture en proposant une application smartphone sympa et, pour acheter sa pénétration du marché, en assurant à ses chauffeurs un généreux revenu minimum garanti. Il est ainsi parvenu à une taille confortable. Depuis, il a multiplié les catégories inférieures et fait face aujourd’hui à un turn-over très fort et des clients désenchantés. Fort heureusement, nous avons su être réactifs et nous adapter, tandis que le service d’Uber s’est considérablement dégradé. Les taxis ont aussi subi cette période très difficile mais l’amélioration de leur service est, sur Paris notamment, spectaculaire ! Le T3P post-Uber sera plus fort avec un marché qui s’est segmenté.

Comment appréciez-vous les efforts des pouvoirs publics ?
L’explosion de l’offre dopée par le développement du numérique a provoqué une ruée vers l’or et transformé la voie publique en Far West. Malgré les efforts de l’État, Laurent Grandguillaume en tête, pour rétablir une concurrence saine et garante de la sécurité des transports, il y a un trou dans la raquette ! Contrairement aux taxis qui ont un horodateur encadrant leur temps de conduite, les VTC indépendants ont une complète liberté sur leur temps de travail. Cette liberté induit une concurrence déloyale entre les taxis et les VTC qui respectent la réglementation sociale imposée aux employeurs d’une part, et les VTC indépendants, de l’autre. Si l’un de ces derniers a un accident après une période d’activité sans repos, il n’est pas inquiété tandis que si c’est l’un de mes chauffeurs, je vais en prison ! Imposer des règles communes à tous les VTC en matière de temps de travail et de repos obligatoire permettra d’améliorer la sécurité des chauffeurs et du public. Cela induira aussi une augmentation nécessaire de la rémunération horaire des chauffeurs, donc des prix et une meilleure solvabilité de ce marché. A bon entendeur…
Propos recueillis par HM

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