À la veille d’une nouvelle manifestation à Paris de chauffeurs VTC contre leurs plates-formes numériques, les taxis restent vigilants quant à l’évolution de la situation et les conséquences de la médiation initiée par le gouvernement. Tandis que les pouvoirs publics cherchent à apaiser la situation – sans déplacer le problème –, les plates-formes disruptives et de rusés ubérisés tentent de passer en force.
Médiateur sous pression
Nommé fin décembre par le gouvernement pour « conduire des négociations d’ici le 31 janvier 2017 », le médiateur Jacques Rapoport, ex-président de SNCF Réseau, a débuté sa mission axée sur « la tarification et les liens commerciaux ; les enjeux de la déconnexion des conducteurs par les plates-formes ; les charges des indépendants et la responsabilité sociale des plates-formes dans les domaines de la protection sociale, de la formation professionnelle et des droits collectifs des travailleurs ». Malgré cette nomination, certains chauffeurs de VTC maintiennent la pression et se rassembleront lundi 16 janvier à Paris afin d’obtenir notamment la fixation de prix minimum à leurs prestations ainsi que la mise en place d’une « infrastructure de géolocalisation des voitures au profit des VTC », voire même la suspension de l’application Uber face au trouble générés sur la voie publique.
Cachés derrière Uber
Les plates-formes numériques françaises – tout aussi responsables de comportements illégaux et abusifs – tentent quant à elles de profiter de la situation. Usant de désinformation et des dissensions entre chauffeurs de VTC et capacitaires Loti, la FFTPR (Fédération française du transport de personnes sur réservation) regroupant Allocab, Chauffeur-Privé, Marcel et SnapCar tente de récupérer l’avantage en demandant à l’exécutif d’accorder à leurs chauffeurs les mêmes droits que les taxis : détaxation partielle sur les carburants ; circulation dans les couloirs de bus ; utilisation de la voie rapide dédiée aux taxis pour l’accès à l’aéroport Charles-de-Gaulle ; travail permis pendant la « journée sans voiture » ; possibilité de stationner, de charger aux abords des aéroports et des gares et conventionnement par l’Assurance maladie ! Chercheraient-ils, avec ce contre-feu, à provoquer les taxis et faire oublier la récente décision prud’homale qui requalifie une fois encore l’un de leur chauffeur en salarié ?

Assumant la modernisation du secteur, les taxis assurent leur service mais restent vigilants quant à l’issue de la médiation VTC / plates-formes.
Impatience au compteur
Rappelant sur son blog que « les lois El Khomri et Grandguillaume créent des obligations qui vont dans le sens de plusieurs demandes des organisations de chauffeurs », le médiateur a également recadré le champ de sa mission en rappelant que si « les taxis ne sont pas directement partie au conflit », il lui apparaît comme évident « que doivent être écartées les mesures améliorant la situation des VTC en dégradant celle des taxis ». Néanmoins, malgré leurs efforts de modernisation et alors que les récentes dispositions réglementaires impactant leur activité sont déjà en œuvre – lecteur de carte de crédit obligatoire, forfait aéroports, location-gérance, etc.), certains taxis, excédés par les comportements illégaux qui perdurent sur la voie publique, seraient tentés de se mobiliser pour célébrer l’anniversaire de la dernière manifestation nationale du 26 janvier 2016. D’autres préféreraient saisir l’opportunité de se rassembler autour de l’avenir de leur profession lors du prochain Salon des taxis qui se déroulera les 28 et 29 janvier à Paris – Porte de Versailles.
HM
Plus d’infos : Médiateur J. Rapoport