« La « vieille économie » sauve la croissance française. » Un brin iconoclaste, le très sérieux cabinet international d’études économiques Xerfi en rajoute même une couche : « La numérisation, le développement continu des nouvelles technologies créent de nouveaux besoins donc de nouvelles compétences et de nouveaux métiers. Mais il ne faut pas oublier que le centre de gravité reste l’ancienne économie et que c’est encore là que se situent massivement les emplois et la création de richesse en France comme dans toutes les autres économies développées, États-Unis en tête. » Appuyant son analyse sur les résultats des secteurs de l’automobile, de la construction et du commerce traditionnel en supermarchés et magasins de proximité, il prédit « de belles perspectives qui témoignent que la machine est relancée ». Une bouffée d’optimisme à contre-courant de la spirale de l’ubérisation sans condition. D’autant que pour le géant des plates-formes VTC, tout s’accélère y compris les pertes… Uber« brûle des quantités indécentes de cash pour tenter de se faire une place sur autant de marchés que possible », rappelle le site spécialisé Nextinpact. Pour les six premiers mois de 2015, la multinationale réalisait 987,2 millions de dollars de pertes, soit une fois et demi son chiffre d’affaires sur la même période ! La plupart des entreprises auraient déjà mis la clé sous la porte mais les investisseurs de la plate-forme ont l’air hypnotisés par les promesses de bénéfices mirobolants. Quant aux chauffeurs de VTC, dénonçant leur précarité, ils vont de nouveau manifester pour faire plier leur « partenaire » numérique. « Uber s’est engouffré dans la brèche et personne ne l’en a empêché. Normalement nos élus sont là pour nous protéger. Mais ils n’ont rien fait. Et je suis aujourd’hui comme le mouton qu’on mène à l’abattoir, » déclarait l’un d’entre eux au Nouvel Observateur. Un cri du cœur qui tranche étrangement avec le sondage réalisé par le média dans lequel la majorité de ses collègues vétécistes accorde ses faveurs à Emmanuel Macron, le chantre de l’économie virtuelle.
Pas rancuniers, les VTC…
Hélène Manceron