Un « GPS européen », c’est le cadeau de fin d’année que s’offre la Communauté européenne. Lancé ce jeudi 15 décembre, le nouveau système de géolocalisation – d’un budget de 13 milliards d’euros – sera pleinement opérationnel en 2020. Symbole des ambitions d’indépendance de l’Europe en matière spatiale, Galileo porte aussi les espoirs du Vieux Continent de rattraper son retard en matière d’innovation numérique. Complexée par l’émergence des États-Unis, de la Chine et de la Russie, la Communauté européenne tente coûte que coûte de faire partie de la course. Mais à ne cibler que les étoiles des podiums de l’innovation technologique, l’Europe ne se détourne-t-elle pas de son cap ? Alors qu’après les taxis, les chauffeurs de VTC se révoltent contre l’esclavagisme de leurs intermédiaires numériques, ne devrait-elle pas prendre l’initiative sociale dans la modernisation du secteur ? En restant sourd à la révolte des premiers ubérisés, ne subit-elle pas un nouveau retard au démarrage ?
Dans son analyse de l’élection de Donald Trump, l’historien et anthropologue Emmanuel Todd alerte d’une nouvelle impasse. « La réalité de la population américaine est que la population voit sa mortalité augmenter : suicide, alcoolisme, empoisonnement, etc. D’un côté vous avez une population en souffrance qui n’en pouvait plus du libre-échange. De l’autre une classe supérieure éduquée, tellement intelligente qu’elle pensait, et elle le pense toujours, que l’on ne peut pas faire autre chose que le libre-échange. » Estimant comme une bonne nouvelle que l’Amérique cesse d’essayer d’imposer son économie et se recentre sur ses problèmes, il appelle à anticiper le prochain protectionnisme des États-Unis. Pendant ce temps, le nouveau président de la première puissance mondiale organise son pouvoir. Il a annoncé ce mercredi la nomination de deux nouveaux membres de son « Forum stratégique » constitué de grands patrons américains qu’il prévoit de consulter pour élaborer et évaluer sa politique économique : Elon Musk, le pdg de Tesla et le sulfureux Travis Kalanick, celui d’Uber !
Hélène Manceron
Plus d’info : E. Todd, « Après l’empire, Essai sur la décomposition du système américain », éd. Gallimard, 2002.