« Rompre le cercle vicieux » ! – M. Tombari, SG-TP

Lorsque l’on lui demande s’il fait de la politique, il répond : « Tous les taxis font de la politique ! » Taxi parisien depuis 23 ans, Mohamed Tombari a « presque tout testé » dans le métier. Défenseur des conditions d’exploitation des chauffeurs de taxi, l’ancien dirigeant sportif et militant syndical cumule la présidence du Syndicat Général des Taxis Parisiens – SG-TP avec ses heures de service.

Mohammed Tombari, SG-TP - Taxi parisien.

Mohammed Tombari, SG-TP – Taxi parisien.

Dans quel état d’esprit travaillent actuellement les taxis parisiens ?
Le moral des taxis est en berne. Même si certains restent mobilisés, avec la baisse du prix de cession des licences, la plupart se sentent abandonnés par l’État. Le projet de fonds de garantie des licences de taxi est une usine à gaz qui envoie un message négatif aux chauffeurs. L’idée était bonne – soulager les anciens et offrir une place aux jeunes –, mais il n’y a pas d’argent pour son financement et il ne saurait être effectif avant plusieurs années ! De plus, la mise en place d’un tel fonds implique une sélection du nombre de bénéficiaires et donc l’exclusion des autorisations obtenues gratuitement. Une orientation qui fait craindre de futures procédures juridiques car au fil du temps, la différence entre les licences gratuites et celles achetées ne serait plus significative.
Quelle alternative pour l’immédiat ?
Nous avons déjà perdu du temps, il ne faut plus en laisser filer. Il faut rompre avec le cercle vicieux dans lequel la profession risque de s’enferrer. Nous devons faire face à la situation présente en regagnant nos clients. À ceux qui crient que « c’est foutu ! », je réponds qu’il n’y a qu’à y croire ! De nombreux centres de formation ont fait une promotion abusive du métier en vantant une vie tranquille dans l’attente d’une bonne transaction. Mais nous pouvons remonter la pente en reprenant confiance en notre service, en montrant notre savoir-faire et en continuant à nous améliorer. Il faut regagner la crédibilité que nous avons perdue. C’est l’exclusivité de la maraude – et les obligations qui en découlent – qui garantissent la pérennité de notre activité. La valeur de nos licences repose sur l’accès aux places de stationnement. La bêtise serait de tuer les bornes car aujourd’hui deux canaux de courses restent sûrs : les centraux et la rue.
Qu’attendez-vous de l’avenir ?
Nous avons besoin que la loi soit appliquée. Pour les chauffeurs locataires, la location-gérance – en vigueur à partir de janvier 2017 – ne présentera plus de possibilité de requalification en contrat de travail, conformément aux dispositions de la loi Thévenoud. Soucieux des conditions particulières exercées par les loueurs en défaveur des chauffeurs, je reste vigilant aux risques de sur-doublage qui pourraient être imaginés mais une chose me paraît désormais essentielle : la formation à notre métier. Au lieu de demi-mesures, il aurait fallu donner au métier de chauffeur ses lettres de noblesse et valoriser sa formation par un CAP des métiers du transport public particulier de personnes ainsi qu’instaurer un niveau supérieur, par exemple un BTS, pour les aspirants chefs d’entreprise. Encadrée par les autorités éducatives, cette évolution aurait valorisé notre professionnalisme et envoyé un message rassurant sur l’avenir de notre métier. Enfin, le SG-TP poursuit son combat fondateur afin de permettre une véritable représentativité démocratique de notre profession.
Propos recueillis HM

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